
L’intensité de la douleur
dépend du degré de résistance
au moment présent
Eckhart Tolle
Tandis qu’il était couché entre les arbres du bois de Sala, à Kushinagar, le Bouddha s’adressa pour la dernière fois à ses disciples, insistant encore une fois sur l’importance du Dharma. Il voulait que le Dharma soit leur maître, et non une personne. Il leur dit :
Soyez vous-même votre lampe, soyez vous-même votre recours ; ne dépendez pas de quelqu’un d’autre. Que mon enseignement soit votre lampe, qu’il soit votre recours ; ne dépendez pas d’un autre enseignement…
Regardez votre corps et voyez combien il est impur. Sachant que le plaisir et la douleur du corps sont pareillement cause de souffrance, comment pouvez-vous laisser libre cours à ses désirs ?
Regardez votre esprit et voyez combien il change. Comment pouvez-vous tomber dans l’illusion à son sujet et entretenir l’orgueil et l’égoïsme, alors que vous savez que ces sentiments vous conduiront inévitablement à la souffrance? Regardez toutes choses, pouvez-vous trouver en elles quelque chose qui soit durable ? Sont-elles autre chose que des agglomérats qui, tôt ou tard, se briseront et seront dispersés? Ne soyez pas effrayé en constatant l’universalité de la souffrance, mais suivez mon enseignement, même après ma mort. Ainsi, vous vous débarrasserez de la peine. Oui, faites cela et vous serez vraiment mes disciples.
Mes disciples « les enseignements que je vous ai donnés, vous ne devez jamais les oublier, ni les laisser perdre. Ils doivent toujours se conserver, être étudiés, être pratiqués. Si vous suivez mes enseignements, vous serez toujours heureux.
L’important, dans mon enseignement, c’est que vous contrôliez votre esprit. Rejetez la convoitise et gardez votre corps droit, votre esprit pur et vos paroles sincères. Si vous vous rappelez constamment le caractère passager de votre vie, vous serez capable de mettre fin à la convoitise et à la colère et d’éviter tout le mal.
Si vous remarquez que votre esprit est tenté ou empêtré dans la convoitise, il vous faut supprimer la convoitise et contrôler la tentation. Soyez vous-même le maître de votre esprit.
C’est son propre esprit qui fait d’un homme un bouddha ou qui en fait une bête. Trompé par l’erreur, on devient un démon, éveillé, on devient un bouddha. Par conséquent, contrôlez votre esprit et ne le laissez pas s’écarter du Noble Chemin.
Conformément à mon enseignement, ayez du respect les uns pour les autres et évitez les disputes. N’imitez pas l’eau et l’huile qui se repoussent mutuellement ; imitez plutôt l’eau et le lait, qui peuvent se mélanger parfaitement.
Étudiez ensemble, enseignez ensemble, pratiquez ensemble. Ne gaspillez pas votre esprit et votre temps en oisiveté et querelles. Jouissez des fleurs de l’éveil en leur saison et moissonnez le fruit du Droit Chemin.
Les enseignements que je vous ai donnés, j’en ai eu l’idée en suivant moi-même le chemin. Il vous faut suivre ces enseignements et vous y conformer en toutes circonstances.
Si vous les négligez, c’est que vous ne m’avez pas réellement rencontré, c’est que vous êtes en réalité loin de moi, bien que vous soyez maintenant assis auprès de moi. Si au contraire vous acceptez et pratiquez mes enseignements, quand bien même vous seriez à l’autre bout du monde, vous êtes tout près de moi.
Mes disciples, ma fin approche, notre séparation ne saurait tarder. Cependant, ne vous lamentez pas. La vie est un changement continuel et ; rien n’échappe à la dissolution du corps. Cela, je vais vous le montrer maintenant par ma propre mort, mon corps se dissolvant comme une charrette délabrée.
Ne vous lamentez pas vainement, émerveillez-vous plutôt de cette loi du devenir et apprenez ainsi combien vide est la vie humaine. N’entretenez pas le désir absurde de voir demeurer ce qui est transitoire.
Le démon des désirs mondains cherche toujours le moyen de tromper l’esprit. Si une vipère vit dans votre chambre, vous ne pourrez dormir tranquille qu’après l’avoir chassée. Il vous faut briser les liens des désirs mondains et les chasser comme vous le feriez avec une vipère. Il vous faut sérieusement protéger votre esprit.
Mes disciples, mon dernier moment est venu, mais n’oubliez pas que la mort, c’est seulement la dissolution de ce corps physique. Le corps est né des parents, il a grandi grâce à la nourriture, inévitables pour lui sont la maladie et la mort.
Le vrai Bouddha, lui, n’est pas un corps humain. C’est l’éveil. Un corps humain doit disparaître, mais la sagesse de l’éveil, elle, demeure éternellement dans la vérité du Dharma, dans la pratique du Dharma. Celui qui voit seulement mon corps ne me voit pas réellement. C’est seulement celui qui accepte mon enseignement qui me voit réellement.
Après ma mort, le Dharma sera votre maître. Suivez le Dharma et ainsi, vous me serez fidèles. Durant les quarante-cinq dernières années de ma vie, je n’ai rien tenu caché de mon enseignement. Il n’y a pas d’enseignement secret, ni de sens caché. Tout a été enseigné ouvertement et clairement.
Mes chers disciples, maintenant, c’est la fin. Dans un instant, j’atteindrai le nirvana. Voilà mes dernières instructions.
Entretenir l’espoir, c’est entretenir la peur !
L’espoir est l’autre face de la peur, la peur que les choses ne se réalisent pas !
Chogyam Trungpa
Comprendre le fonctionnement de l’esprit, c’est avant tout comprendre la subtilité de l’égo et sa façon qu’il a de s’imposer à tous les niveaux. Il semble difficile en effet de se libérer de la souffrance si nous ne comprenons pas d’abord comment l’esprit s’empare de l’espace, comment il crée en quelque sorte notre réalité !
Certains peuvent penser que c’est une torture, que c’est difficile, et ça l’est ! Mais à priori, aucune libération n’est possible tant que le « je » est présent, tant qu’il y a un observateur qui ramène tout au quartier général qu’est le cerveau, comme dirait Maître Trungpa !
L’enseignement du Dharma n’a qu’une vocation : comprendre les mécanismes sous-jacents de l’égo, ses pièges, et apporter une réponse concrète à l’éradication de la souffrance, par des techniques appropriées et ayant prouvé leur efficacité depuis 2500 ans.
Dans son livre « Regard sur l’abhidharma », Chögyam Trungpa (maître réalisé de la lignée de la folle sagesse) explique que le désespoir est une autre facette de l’égo, l’art de saisir à nouveau l’espace en nous convaincant que nous ne saisissons rien…Tant que nous ne sommes pas éveillés, tout est Ego 😉
Bonne nuit à tous
Françoise
N’essayez pas de changer le monde.
Essayez d’abord de vous changer vous-même ou plutôt, votre perception de vous-même, et vous trouverez le monde qui correspond automatiquement à votre niveau de compréhension.
Vous trouverez que vous avez toujours été celui qui définit le rythme et la profondeur de votre expérience, en reconnaissant et honorant votre véritable nature.
Mooji
Nous avons tous en nous un enfant blessé,
dont nous avons besoin de prendre soin !
Je me suis longtemps demandée pourquoi la dimension de l’enfant était si peu prise en compte dans le bouddhisme. Si on considère que le karma est quelque chose d’établi, on peut aussi en déduire que cette vie présente contient l’intégralité de notre karma, et donc que l’enfant porte en lui l’essentiel de ses vies passées.
Il m’est venu l’idée que peut-être, le Bouddha n’avait pas eu à se confronter à ce genre de souffrances. Les textes disent en effet que le Bouddha Sakyamouni a vécu des milliers de vie antérieures avant de s’incarner il y a 2500 ans. Il aurait donc accompli un nombre indéfini d’actes qui lui aurait permis une incarnation de « prince ».
Le Bouddha Sakyamouni était un prince, le prince Siddharta. Durant son enfance, il n’a peut-être pas été confronté aux souffrances de l’abandon, du rejet, de la mauvaise estime de lui-même etc…ce qui ne veut pas dire qu’il ne l’ait pas connu dans des vies antérieures. Ceci pourrait expliquer les raisons pour lesquelles l’enfant est si peu évoqué dans ses enseignements. Ce n’est bien sur qu’une supposition.
En même temps, ses enseignements portant sur l’origine de la souffrance, sur la nature même du fonctionnement de l’esprit et les moyens de remédier à cette souffrance, on peut dire qu’ils englobent tout, mais ils restent parfois difficiles à appréhender car pas suffisamment proches de la façon dont nous sommes capables, en tant qu’occidentaux, de recevoir ces enseignements (enfin c’est mon humble avis).
Depuis quelques temps, on constate que certains centres bouddhistes intègrent à leurs enseignements d’autres aspects de la vie, et notamment ceux liés à l’enfance.
J’ai vu récemment sur le programme de l’institut Karma ling que le Lying y était proposé.
Le lying (du verbe anglais to lie = être allongé) est un dispositif thérapeutique créé par le Sage bengali Swami Prajnanpad, pratiqué et transmis ensuite par certains de ses étudiants, dont Arnaud et Denise Desjardins.
S’étant intéressé très tôt aux écrits de Freud, Prajnanpad vit une convergence étonnante entre les perspectives de sa propre tradition spirituelle et les découvertes de la psychanalyse. En particulier cette notion centrale que les racines de notre souffrance et de nos difficultés à être sont en lien avec des moments douloureux de notre propre histoire.
Toute expérience de vie demande à être métabolisée sur le plan psychique : nous avons à l’assimiler pour la traverser et grandir à travers elle, et éliminer le cas échéant les émotions et les tensions qu’elle a pu provoquer.
Lorsque l’intensité de l’expérience dépasse nos capacités de métabolisation (ou, qu’enfant ou adolescent, l’accompagnement et le soutien nécessaires nous ont manqué), nous restons avec des nœuds émotionnels qui nous conditionnent à vivre de manière répétée certaines situations ou ressentis problématiques.
Même si souvent nous en rejetons le blâme à l’extérieur, il nous arrive parfois de pressentir qu’il y a quelque chose en nous qui participe inconsciemment à ce que nous vivons de difficile. Et que nous sommes en quelque sorte, à certains endroits, agis par le passif de ce qui nous a manqué ou fait souffrir.
Le lying vise à retrouver les mémoires douloureuses en cause et l’énergie refoulée qu’elles contiennent encore pour permettre au travail d’intégration resté en plan de s’accomplir. Et trouver progressivement la liberté, selon l’adage bien connu, de « devenir ce que nous sommes ». Source Lying.ch
Ceci est un exemple parmi d’autres, et il est intéressant de constater que le bouddhisme évolue et commence à intégrer des concepts extérieurs à la tradition, probablement dans le souci de s’adapter à une culture occidentale bien différente de la culture indienne ou tibétaine.
Il me semble pour ma part que si nous parvenons à nous reconnecter à notre enfant intérieur, nous réussirons ainsi à éliminer un bon nombre de blocages émotionnels qui polluent notre vie d’adultes et que l’enseignement du Dharma serait ainsi facilité.
Je vous souhaite une belle journée ensoleillée
Françoise
LES SEPT FORMES DE L’ORGUEIL
Sept stances extraites du « Conseils au roi » concernant l’orgueil
406. La suffisance est présomption,
L’inattention éloigne de la vertu,
L’orgueil prend sept aspects
Que je vais expliquer séparément.
407. Prétendre être inférieur à l’inférieur,
Égal à l’égal,
Supérieur ou égal à l’inférieur,
Cela est dit orgueil [d’égoïsme].
408. L’orgueil extrême, c’est se flatter d’être égal
À ceux qui, par quelque [qualité], nous sont supérieurs ;
Penser que l’on est plus éminent
Que les plus éminents
409. Qui se prétendent supérieurs,
Est l’orgueil surpassant l’orgueil.
Il est très pervers,
Telle une tumeur infectée.
410. Par ignorance, penser « je »
Au regard des cinq [agrégats] vides
Dits « appropriation »,
Cela est [l’orgueil de] la pensée « je ».
411. Imaginer avoir atteint des fruits qui n’ont
pas été atteints,
Cela constitue l’orgueil de supériorité ;
Se louer de la perpétration de méfaits
Est connu par les sages comme l’orgueil erroné.
412. Se mépriser en disant :
« Je suis inutile »,
Cela est l’orgueil d’infériorité.
Tels sont, brièvement exposés, les sept [orgueils].
Ce texte est extrait du « Conseil au roi » de Nagarjuna
Tiré d’un ouvrage paru en 2000 aux Editions Point Sagesses au Seuil
Et si tout était vraiment aussi simple ? Les maîtres bouddhistes nous enseignent que le simple fait de laisser l’esprit en son état naturel est suffisant pour éliminer nos voiles et empreintes karmiques ou samskaras. En quoi cela consiste-t-il ? Justement, à ne rien faire et ce n’est pas si simple, sauf avec un peu d’entraînement 😉
Voici un petit texte de Lama Guendune, le Maître du Mahamudra
Pour parvenir à une méditation juste, il est essentiel d’obtenir une base solide de sa perspective. C’est pourquoi il est nécessaire d’écouter, de réfléchir encore et encore ; la répétition des notions fondamentales accoutume le méditant, avec leur exposition, jusqu’à ce qu’elles deviennent acquises par l’entraînement de l’esprit.
Au moment de méditer, les sources de déviations et d’égarements sont multiples et le méditant est souvent désorienté. Le rappel et l’intégration de paroles familières sont alors une aide précieuse.
Le texte est émaillé d’instructions orales de Lama Guendune Rinpoché qui en précisent la portée et le rendent accessible. Chacun peut y reconnaître ses propres expériences et incertitudes et trouver réponse à ses interrogations.
Dans sa simplicité même, l’attitude mentale correcte est difficile à cerner. Puisse ceci aider à l’acquérir. Dans la stabilisation de l’esprit, si le méditant pratique de manière trop rigide, en désirant une « stabilité stable » (1), ceci crée une situation d’activité mentale.
A l’orée de la session de méditation, la seule idée à émettre est : « Je me mets en méditation », sans plus produire aucune autre considération pendant la pratique, telle que « être libre de conceptions quant au désir de méditer est la phase préliminaire de la méditation ».
On demeure dans l’état de décontraction, ébahi, ouvert, sans saisie.
Lorsque cet entraînement s’affermit par la répétition de la pratique, on devient progressivement capable de demeurer sans distraction, dans l’état de clarté-vacuité, sans saisie, même au cours des quatre types d’activité (2), sans faire de cet état quelque chose d’« existant ».
On doit être capable de garder cette attention sans dispersion aussi longtemps que possible, tout d’abord le temps d’avaler une bouchée de nourriture ou de boire une gorgée de thé ou de réciter un « mani » ou encore de se lever et de faire trois pas. Puis, étant accoutumé, on s’applique à rester dans la dimension de clarté-vacuité, sans fixation. On demeure ainsi en toutes circonstances, bonnes ou désagréables, seul ou en société, sans jamais être distrait.
Ceci est illustré par une parole de Gampopa : « ne pas retracer le passé, ne pas aller au devant du futur, mais demeurer dans le dépouillement fondamental de la conscience du présent, telle qu’en elle-même ».
Que signifie : « ne pas retracer le passé ? » C’est ne pas se laisser aller à suivre les pensées qui évoquent des situations antérieures, ne pas attacher d’importance à ces pensées.
Que veut dire : « ne pas aller au devant du futur ? » C’est ne pas autoriser son esprit à anticiper sur de futures activités, ne pas se dire : « Dans l’avenir, je ferai ceci ou cela, accomplirai telle chose plutôt que telle autre. »
Le sens de « demeurer dans le dépouillement fondamental de la conscience du présent, telle qu’en elle-même », c’est demeurer naturel et détendu dans le moment présent sans le fixer, ni faire référence à quelque chose. C’est rester dans la vivacité propre de l’état non-artificiel : « si l’esprit n’est pas façonné, il est clair, si l’eau n’est pas trouble, elle est limpide ».
En demeurant ainsi, sans artifice, apparait une clarté sans concept, pure, inaltérée, qui dure l’espace d’un claquement de doigts, puis s’étend progressivement le temps de « traire une vache » (3).
On s’y exerce, sans voir la prolongation de cet état comme une qualité ou sa brièveté comme un défaut, mais en méditant libre d’attente et d’appréhension.
Puis lorsque dans l’expérience de non-conceptualité une pensée apparaît, on se pose dessus d’une façon très détendue. « L’esprit est lié par l’occupation (mentale), si on le détend, il se libère ; cela ne fait pas de doute » ; c’est ce qu’on appelle relâchement ou lâcher prise.
Lama Guendune
NOTES
1 – Stabilité mentale : le méditant a tendance à fixer une idée de la stabilité dans son esprit, et tente de conduire sa méditation pour parvenir à cet état supposé. Ce concept de stabilité, souvent lié à la recherche d’un esprit sans pensées, est un obstacle à la véritable compréhension de la stabilité mentale.
2 – Quatre types d’activités : en fait, terme qui induit toutes les activitésà travers les quatre attitudes du corps : assis, debout, en mouvement, couché.
3 – Image traditionnelle : dix, quinze minutes.
Source : jutier.net
« Chers amis, aujourd’hui je voudrais vous faire partager les cinq méthodes pour mettre fin à la colère et à la haine. Je vous prie de m’écouter attentivement et de méditer sur ce que je vais vous dire. »
Les moines consentirent à l’écouter attentivement.
« Quelles sont ces cinq méthodes pour mettre fin à la colère et à la haine ? demanda le Vénérable Sariputta.
« Voici la première méthode, chers amis :
« Si les actions d’une personne ne sont pas aimables mais que ses paroles le sont et qu’elle nous met en colère, parce que nous sommes sages, nous devrions savoir comment méditer pour mettre fin à notre irritation ou à notre colère.
« Chers amis, imaginons un moine qui pratique l’ascétisme et aime se vêtir d’une robe faite de morceaux de tissu. Un jour, il passe devant un dépotoir dégoûtant avec des excréments, de l’urine, du pus et d’autres saletés et il voit un morceau de tissu encore intact. De sa main gauche, il ramasse le tissu et de sa main droite, il l’étend. En voyant que le morceau de tissu n’est pas encore troué ni sali par les excréments, l‘urine, le pus et d’autres saletés, il le plie aussitôt, le garde et le rapporte chez lui pour le laver puis le coudre avec d’autres morceaux afin de faire une robe.
« Chers amis, de la même manière, quand une personne n’agit pas avec bonté mais prononce encore des paroles aimables, ne prêtons pas attention à ses actes. Par contre, pensons uniquement à ses paroles afin de pouvoir mettre fin à notre irritation ou à notre colère. Un sage devrait pratiquer ainsi.
« Ceci est la deuxième méthode, mes chers amis :
Si une personne ne dit pas de paroles aimables mais agit avec bonté, et qu’elle nous met en colère, comme nous sommes sages, nous devrions savoir comment méditer pour mettre fin à notre irritation ou à notre colère.
« Mes chers frères, disons que non loin du village se trouve un lac profond. Mais sa surface est couverte d’algues et d’herbes. A ce moment, une personne torturée par la faim, la soif et la chaleur s’approche du lac. Elle se déshabille, pose ses vêtements au bord du lac, plonge dans l’eau, écarte les algues et les herbes de ses deux bras, se désaltère et savoure la baignade.
« Chers amis, il en est ainsi quand quelqu’un ne dit pas de paroles aimables mais agit avec bonté. Ne prêtons pas attention à ses paroles mais soyons attentifs uniquement à ses actes aimables afin de mettre fin à notre colère. Un sage devrait pratiquer ainsi.
« Ceci est la troisième méthode, chers amis :
Si une personne n’agit ni ne parle gentiment mais a encore quelques pensées aimables et nous met en colère, comme nous avons une vision profonde, nous devrions chercher à méditer de façon à pouvoir mettre fin à notre colère.
« Chers amis, supposons qu’une personne qui se trouve à bout de force et qui souffre de la soif, de la pauvreté, de la chaleur et des afflictions, arrive à un carrefour où se trouve l’empreinte de pas d’un buffle dans lequel un peu d’eau de pluie stagne encore. La personne pense : « Comme il y a très peu d’eau dans cette empreinte de pas de buffle, si je prends l’eau avec ma main ou une feuille, je risque de la remuer et de la rendre trouble, boueuse et imbuvable. Dans ce cas, je ne pourrais pas me désaltérer, mettre fin à ma misère, à la chaleur et à mes afflictions ». En se disant ‘Agenouille-toi, pose tes bras et tes genoux par terre et bois l’eau directement de ta bouche’, cette personne se met immédiatement à genoux avec ses bras complètement sur le sol et boit en posant sa bouche juste sur le trou creusé par l’empreinte.
« Mes chers frères, de la même manière, quand une personne n’agit ni ne parle gentiment, mais a encore un peu d’amabilité dans ses pensées, ne prêtons pas attention à ses actions ou à ses paroles peu aimables, mais soyons attentifs par contre seulement à ses rares pensées aimables afin de pouvoir mettre fin à notre colère ou à notre haine. Un sage devrait pratiquer ainsi.
« Ceci est la quatrième méthode, chers amis :
Si une personne n’agit ni ne parle gentiment et que dans son coeur, il ne reste plus rien que l’on puisse appeler aimable, si nous sommes en colère et que nous sommes sages, nous devrions chercher à méditer de façon à pouvoir mettre fin à cette colère.
« Chers amis, supposons qu’une personne voyage loin et tombe malade le long du chemin. Le dernier village qu’elle a quitté depuis longtemps, et celui vers lequel elle se dirige, sont encore bien loin. Souffrant, épuisée, seule, elle tombe dans le désespoir en sachant qu’elle mourra sur le chemin. A ce moment-là, quelqu’un apparaît, la trouve dans cet état et lui porte secours immédiatement. Il la soutient de ses bras pour l’emmener au prochain village, prend soin d’elle, la soigne et lui fournit tous les aliments et les médicaments nécessaires. Grâce à son aide, la personne est sauvée. Si cette personne est sauvée, c’est grâce à l’amour et à la compassion de l’autre.
« De la même manière, chers amis, quand nous voyons quelqu’un qui n’agit ni ne parle avec bonté et qui n’a rien dans son coeur qui s’apparente à l’amabilité, nous devrions penser ceci :
« Une personne dont les actes, les paroles et les pensées ne sont pas aimables est une personne qui souffre beaucoup. Elle s’engage certainement dans un chemin extrêmement dangereux. Si elle ne rencontre pas d’ami, elle n’aura aucune chance de se transformer et d’aller dans la voie qui mène au bonheur. » En pensant ainsi, nous pouvons ouvrir notre coeur à la compassion et à l’amour, mettre fin à notre colère et aider l’autre personne. Un sage devrait pratiquer ainsi.
« Ceci est la cinquième méthode, chers amis :
Si quelqu’un agit et parle gentiment, s’il est également aimable dans ses pensées et que malgré cela, mous sommes en colère ou jaloux contre lui, comme nous sommes sages, nous devrions chercher à méditer de façon à pouvoir mettre fin à notre colère.
« Chers amis, supposons que, non loin d’un village, se trouve un beau lac. L’eau du lac est aussi limpide que douce. Le fond est profond et plat. Le bord est régulier et couvert d’herbes fraîches et les quatre côtés sont ombragés par des arbres luxuriants et verts. Une personne qui a soif, qui souffre des afflictions, de la chaleur et qui est couverte de sueur, arrive au lac. Elle se déshabille, pose ses vêtements au bord du lac, se plonge dans l’eau, se désaltère et savoure pleinement la baignade. Sa chaleur, sa soif et ses afflictions se dissipent. Il en est ainsi, chers amis, quand nous voyons quelqu’un qui agit, parle et pense gentiment. Nous devrions reconnaître cette amabilité reflétée dans les trois domaines, actions, paroles et pensées, sans laisser la colère ou la jalousie nous envahir. Si nous ne savons pas comment vivre heureux avec une personne aussi fraîche, nous ne vivons vraiment pas dans la sagesse.
« Mes chers frères, j’ai partagé avec vous les « Cinq méthodes pour mettre fin à la colère ».
Après avoir entendu le Vénérable Sariputta, les moines furent heureux de recevoir ces enseignements et de les mettre en pratique.
Merci à Jeff Bottero qui a publié cet article sur Facebook