Les Emotions – Lama Guendune Rinpoché

Ce document est tiré d’un enseignement de Lama Guendune Rinpoché.
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Ni sujet, ni objet

Lama Guendune
Lama Guendune

Tout ce que nous percevons n’a pas de réalité propre, mais est la radiance de l’esprit. Nous pratiquons la méditation de façon à laisser l’esprit s’établir dans la rencontre de sa propre projection. Ainsi, nous ne créons plus de séparation entre un sujet qui perçoit et un objet qui aurait sa propre réalité. Nous comprenons qu’il n’y a ni sujet ni objet.

Guendune Rinpoché. Mahamoudra.

Laisser l’esprit en son état naturel

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Souffrance !

Et si tout était vraiment aussi simple ? Les maîtres bouddhistes nous enseignent que le simple fait de laisser l’esprit en son état naturel est suffisant pour éliminer nos voiles et empreintes karmiques ou samskaras. En quoi cela consiste-t-il ? Justement, à ne rien faire et ce n’est pas si simple, sauf avec un peu d’entraînement 😉

 
Voici un petit texte de Lama Guendune, le Maître du Mahamudra

 
Pour parvenir à une méditation juste, il est essentiel d’obtenir une base solide de sa perspective. C’est pourquoi il est nécessaire d’écouter, de réfléchir encore et encore ; la répétition des notions fondamentales accoutume le méditant, avec leur exposition, jusqu’à ce qu’elles deviennent acquises par l’entraînement de l’esprit.
Au moment de méditer, les sources de déviations et d’égarements sont multiples et le méditant est souvent désorienté. Le rappel et l’intégration de paroles familières sont alors une aide précieuse.

Le texte est émaillé d’instructions orales de Lama Guendune Rinpoché qui en précisent la portée et le rendent accessible. Chacun peut y reconnaître ses propres expériences et incertitudes et trouver réponse à ses interrogations.

Dans sa simplicité même, l’attitude mentale correcte est difficile à cerner. Puisse ceci aider à l’acquérir. Dans la stabilisation de l’esprit, si le méditant pratique de manière trop rigide, en désirant une « stabilité stable » (1), ceci crée une situation d’activité mentale.

 
A l’orée de la session de méditation, la seule idée à émettre est : « Je me mets en méditation », sans plus produire aucune autre considération pendant la pratique, telle que « être libre de conceptions quant au désir de méditer est la phase préliminaire de la méditation ».
On demeure dans l’état de décontraction, ébahi, ouvert, sans saisie.

Lorsque cet entraînement s’affermit par la répétition de la pratique, on devient progressivement capable de demeurer sans distraction, dans l’état de clarté-vacuité, sans saisie, même au cours des quatre types d’activité (2), sans faire de cet état quelque chose d’« existant ».
On doit être capable de garder cette attention sans dispersion aussi longtemps que possible, tout d’abord le temps d’avaler une bouchée de nourriture ou de boire une gorgée de thé ou de réciter un « mani » ou encore de se lever et de faire trois pas. Puis, étant accoutumé, on s’applique à rester dans la dimension de clarté-vacuité, sans fixation. On demeure ainsi en toutes circonstances, bonnes ou désagréables, seul ou en société, sans jamais être distrait.
Ceci est illustré par une parole de Gampopa : « ne pas retracer le passé, ne pas aller au devant du futur, mais demeurer dans le dépouillement fondamental de la conscience du présent, telle qu’en elle-même ».

Que signifie : « ne pas retracer le passé ? » C’est ne pas se laisser aller à suivre les pensées qui évoquent des situations antérieures, ne pas attacher d’importance à ces pensées.

Que veut dire : « ne pas aller au devant du futur ? » C’est ne pas autoriser son esprit à anticiper sur de futures activités, ne pas se dire : « Dans l’avenir, je ferai ceci ou cela, accomplirai telle chose plutôt que telle autre. »

 
Le sens de « demeurer dans le dépouillement fondamental de la conscience du présent, telle qu’en elle-même », c’est demeurer naturel et détendu dans le moment présent sans le fixer, ni faire référence à quelque chose. C’est rester dans la vivacité propre de l’état non-artificiel : « si l’esprit n’est pas façonné, il est clair, si l’eau n’est pas trouble, elle est limpide ».

En demeurant ainsi, sans artifice, apparait une clarté sans concept, pure, inaltérée, qui dure l’espace d’un claquement de doigts, puis s’étend progressivement le temps de « traire une vache » (3).
On s’y exerce, sans voir la prolongation de cet état comme une qualité ou sa brièveté comme un défaut, mais en méditant libre d’attente et d’appréhension.
Puis lorsque dans l’expérience de non-conceptualité une pensée apparaît, on se pose dessus d’une façon très détendue. « L’esprit est lié par l’occupation (mentale), si on le détend, il se libère ; cela ne fait pas de doute » ; c’est ce qu’on appelle relâchement ou lâcher prise.

 
Lama Guendune

 
NOTES
1 – Stabilité mentale : le méditant a tendance à fixer une idée de la stabilité dans son esprit, et tente de conduire sa méditation pour parvenir à cet état supposé. Ce concept de stabilité, souvent lié à la recherche d’un esprit sans pensées, est un obstacle à la véritable compréhension de la stabilité mentale.
2 – Quatre types d’activités : en fait, terme qui induit toutes les activitésà travers les quatre attitudes du corps : assis, debout, en mouvement, couché.
3 – Image traditionnelle : dix, quinze minutes.
Source : jutier.net

 

 

Libre et tranquille – Lama Guendune –

Libre et tranquille
Libre et tranquille

LIBRE ET TRANQUILLE

Le bonheur reste introuvable
que l’on fasse de grands efforts ou que l’on exerce sa volonté,
car il est déjà présent, dans une relaxation simple
et abandonnée.

Ne vous efforcez pas :
il n’y a rien à faire, ni à harmoniser.
Ce qui se présente momentanément au sein du corps esprit
est sans véritable importance
et sans même la moindre réalité.
À quoi bon vous identifier et vous attacher à ceci,
l’évaluer, ou vous évaluer vous-mêmes ?

Il vaut mieux simplement
laisser la totalité du jeu se jouer d’elle-même,
s’élever et retomber telle des vagues,
sans intervenir ni pour modifier,
ni pour manipuler.
Ensuite, voir comment tout s’évanouit puis
réapparaît, comme par magie et de façon répétée,
temps sans fin.

Seule votre quête de bonheur
vous empêche de le voir.
Elle a tout de la chasse que vous donneriez
à un arc-en-ciel aux couleurs vives
que jamais vous ne pourrez attraper,
ou encore du chien qui court
après sa propre queue.
Bien que la paix et le bonheur
n’ont aucune existence
en tant qu’objets ou endroits,
ils sont disponibles en permanence
et vous accompagnent à chaque instant.

Ne croyez pas un instant que soient réelles
les expériences positives ou négatives.
Leur nature est aussi éphémère,
que celle du temps qu’il fait aujourd’hui,
ou que celle des arcs-en-ciel au dessus de nos têtes.

À vouloir saisir l’insaisissable,
vous vous épuisez en vain.
Dès que vous ouvrez et relaxez le poing serré
de l’avidité,
l’espace infini est là – ouvert, accueillant
et réconfortant.

Faîtes usage de cet espace, cette liberté
et aise naturelle.
Ne cherchez pas plus en avant,
ne pénétrez pas l’inextricable jungle
en quête de l’éléphant suprême,
qui est déjà tranquillement à la maison
devant votre propre foyer rougeoyant.

Rien à faire, ni à harmoniser,
rien à forcer,
rien à désirer
et rien ne manque.

Emaho ! Merveilleux !
Tout se déroule de soi-même.

Lama Guendune Rinpoché

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