J’avais fait le constat il y a quelques années que le mental superposait toujours une image à une pensée. Et qu’il suffisait d’enlever l’image pour ne plus avoir le son en quelque sorte. Il semblerait que ce soit la même chose avec le « mot ».
Que faire face au bruit d’un chien qui se met à aboyer et continue à aboyer indéfiniment ?
KRISHNAMURTI : Que faites-vous ? Vous résistez, n’est-ce pas ? Vous jetez quelque objet à ce chien, vous le maudissez, vous faites tout ce que vous pouvez contre lui.
Woman feeling free in a beautiful natural setting.
La liberté n’est pas la libération dans un monde paradisiaque, mais c’est la liberté de tous les jours, être libéré de la jalousie, de l’attachement de la compétition, de l’ambition, tout ce qui est « le plus », « je dois être mieux », « je suis ceci et je dois devenir cela »
Essayons donc de comprendre l’ensemble de cette structure complexe qu’est la pensée. Voyons ce qu’est la mémoire, comment la pensée prend naissance, comment elle conditionne tous nos actes ; et, en comprenant tout cela, peut-être rencontrerons-nous quelque chose que la. pensée n’a jamais pu découvrir, une chose à laquelle la pensée n’a jamais pu ouvrir la porte.
« Vous verrez que la peur n’est pas l’amour, que la jalousie n’est pas l’amour, que la possession et la domination ne sont pas l’amour, que la responsabilité et le devoir ne sont pas l’amour, que se prendre en pitié n’est pas l’amour, que la grande souffrance de ne pas être aimé n’est pas l’amour.
Aller au delà de la pensée et du temps, c’est se rendre compte qu’il existe une autre dimension qui s’appelle l’amour. Ne sachant pas comment atteindre cette source extraordinaire, que faites-vous ? Rien, n’est-ce pas ? Absolument rien. Dans ce cas, vous voilà intérieurement complètement silencieux. Comprenez-vous ce que cela veut dire ? Cela veut dire que vous ne cherchez plus, que vous ne désirez plus, que vous ne poursuivez plus rien, bref, qu’il n’y a plus de centre du tout. Alors l’amour est là.»
Il ne suffit pas de vous contenter d’adhérer à des croyances. Vos plus belles croyances ne sont qu’un tas de pensées. La seule vérité, c’est celle qui vous relie à la vie, c’est à dire à ce que vous êtes.
L’observateur et l’observé – Celui qui observe la solitude existe-t-il vraiment ?
« Mon esprit observe la solitude ; il l’évite, il la fuit.
Mais si je cesse de la fuir, y a-t-il une division, y a-t-il une séparation, existe-t-il encore un observateur qui examine la solitude ?
Ou n’y a-t-il plus qu’un état de solitude, mon esprit lui-même étant vide et seul là où il y avait un observateur conscient de la présence de la solitude ?
Je crois qu’il est capital de saisir cela au vol, sans trop s’attarder sur les mots.
Quand nous disons par exemple : « Je suis envieux, je veux me débarrasser de mon envie », il y a alors un observateur et un phénomène observé ; l’observateur souhaite se débarrasser de ce qu’il observe. Or, l’observateur et l’observé ne sont-ils pas une seule et même chose ? C’est l’esprit lui-même qui a suscité cette envie, il lui est donc impossible d’agir sur elle.
Mon esprit observe donc la solitude ; le penseur a conscience de sa solitude.
Mais s’il demeure avec elle, en un contact total, sans la fuir, sans la traduire, et ainsi de suite, existe-t-il encore à ce moment-là une différence entre l’observateur et l’observé ?
Ou n’y a-t-il plus comme unique fait que la réalité du vide et de la solitude de l’esprit ?
L’esprit a cessé d’observer le vide dans lequel il se trouve : il est lui-même ce vide.
L’esprit peut-il donc, ayant pris conscience de sa vacuité comme d’un fait, et voyant que, quels que soient ses efforts, tout mouvement de recul face à cette vacuité n’est qu’une évasion, une dépendance – l’esprit peut-il donc se défaire de toute dépendance, et être ce qu’il est, complètement vide, complètement seul ?
Et s’il est dans cet état-là, n’est-on pas délivré de toute dépendance, de tout attachement ? »