Comment arrêter ses pensées ?

Cette courte mais pertinente vidéo nous rappelle à quel point associer la méditation à l’absence de pensées est une interprétation erronée de ce qu’est le calme mental.

Pourquoi méditer ?

méditation-1

Ayya Khema

Extrait du livre « Being Nobody, Going Nowhere »

Traduit par Jeanne Schut

Pourquoi la méditation est-elle si importante ? Vous devez le savoir, sinon vous ne seriez pas en train de lire ce texte. Je voudrais insister sur le fait que la méditation n’est pas seulement une chose que l’on fait en plus du reste, quand on a du temps libre, mais qu’elle est essentielle à notre bien-être.

L’une de nos absurdités humaines consiste à penser constamment soit au passé, soit à l’avenir. Les jeunes pensent à l’avenir parce qu’ils en ont plus devant eux ; les plus âgés pensent davantage au passé parce que, pour eux, c’est là qu’il y a le plus à penser. Mais, pour vraiment vivre la vie, nous devons vivre chaque instant au présent. La vie ne s’est pas produite dans le passé – cela, ce sont des souvenirs. La vie ne se produira pas dans l’avenir – cela, ce sont des projets. Le seul moment où nous pouvons vivre la vie, c’est maintenant, à cet instant précis. Et, aussi absurde que cela puisse paraître, c’est une chose que nous devons apprendre à faire. En tant qu’êtres humains, avec une espérance de vie de soixante, soixante-dix ou quatre-vingts ans, nous devons apprendre à vraiment vivre la vie au présent. Quand nous aurons appris cela, nous aurons éliminé un grand nombre de nos problèmes.

Comme cela paraît simple mais comme c’est difficile ! Tous ceux qui s’y sont essayé le savent. Ceux d’entre vous qui n’ont pas encore essayé le découvriront certainement. Une prémisse tellement simple mais pas du tout facile à réaliser. Il n’y a qu’un seul moyen d’apprendre à vivre dans l’instant présent et c’est la méditation. La méditation a également d’autres aspects et facettes qui vont nous aider dans cet apprentissage.

Nous sommes tous parfaitement capables de prendre bien soin de notre corps. Nous le lavons au moins une fois par jour, souvent plus, et nous sortons avec des vêtements propres. Nous reposons notre corps la nuit – presque tout le monde a un endroit où dormir ; nous ne pourrions pas résister aux tensions de la vie si nous ne prenions pas de repos. Nous avons un toit pour protéger le corps de la pluie, du vent, du soleil, de la chaleur et du froid ; nous ne pourrions pas bien fonctionner sans cela. Nous nourrissons le corps avec des aliments sains pas avec du poison ; nous lui donnons ce que nous estimons bon pour lui. Nous faisons aussi des exercices physiques, au moins de la marche, sinon nos jambes seraient atrophiées et nous ne pourrions plus les utiliser. Eh bien, il faut faire exactement la même chose pour l’esprit !

En fait, il est encore plus important de prendre bien soin de l’esprit car c’est lui qui est le maître, tandis que le corps est son serviteur. Le meilleur des serviteurs, en parfaite condition physique, jeune, fort et vigoureux, s’il a un maître faible et dissolu qui ne sait pas quoi faire, ne pourra pas travailler convenablement. Le maître doit diriger le serviteur. Même quand le serviteur n’est ni très fort ni très vigoureux, si le maître est sage et efficace, la maisonnée sera en ordre.

L’esprit et le corps sont notre demeure. Si la demeure intérieure n’est pas en ordre, aucune maison extérieure ne peut l’être. La maison dans laquelle nous vivons et nous travaillons dépend de l’ordre que nous aurons créé dans notre demeure intérieure. Le maître, celui qui est responsable, doit être dans la meilleure forme possible.

Rien dans l’univers n’est comparable à l’esprit ni ne peut le remplacer. Tout est fabriqué par l’esprit. Pourtant nous le prenons tel qu’il est, sans y penser, ce qui est encore une autre absurdité. Personne ne prend le corps tel qu’il est, sans y penser. Quand le corps est malade, nous courons chez le médecin ; quand il a faim, nous le nourrissons vite ; quand il est fatigué, nous le mettons au repos. Mais qu’en est-il de l’esprit ? Seul le méditant prend soin de l’esprit.

Prendre soin de l’esprit est essentiel si nous voulons que la vie grandisse en profondeur et en vision. Sinon, elle reste en deux dimensions. La plupart des gens vivent leur vie en fonction de la réalité d’hier et de demain, du bien et du mal, du « j’aime » et du « je n’aime pas », du « je veux ceci et je ne veux pas de cela », du « ceci est à moi et cela est à toi ». Ce n’est que lorsque l’esprit est entraîné que nous percevons d’autres dimensions.

La première chose à faire avec l’esprit est de le laver, de le nettoyer ; pas seulement une ou deux fois par jour comme nous le faisons pour le corps mais à tout moment de la journée. Pour y parvenir, nous devons apprendre comment faire. Pour le corps, c’est très simple, nous utilisons de l’eau et du savon ; nous avons appris à nous laver quand nous étions enfants. Mais l’esprit ne peut être lavé que par l’esprit lui-même. Ce que l’esprit a mis là, l’esprit peut le retirer. Une seconde de concentration en méditation est une seconde de purification parce que, fort heureusement, l’esprit ne peut faire qu’une chose à la fois. Bien que, comme l’a dit le Bouddha, nous pouvons avoir trois mille « instants mentaux » en un clin d’œil, nous n’en avons pas autant en général et nous ne les avons pas tous en même temps. Les instants mentaux se suivent très rapidement mais seulement un par un.

Quand nous nous concentrons, les cinq obstacles – nos pollutions mentales [désir, aversion, torpeur, agitation et doute] – ne peuvent absolument pas apparaître parce que l’esprit ne peut faire qu’une chose à la fois. Et si nous réussissons à prolonger de plus en plus la durée de notre concentration, l’esprit parvient à se laver de ses pollutions les plus grossières.

Notre esprit, cet outil unique dans tout l’univers, est le seul que nous ayons. Si quelqu’un possède un excellent outil, il en prend assurément grand soin : il le polit, retire toute trace de rouille, l’aiguise, le graisse et le laisse au repos de temps en temps. De même, nous qui avons ce merveilleux outil qu’est l’esprit, capable d’accomplir n’importe quoi, y compris le complet éveil spirituel, nous devons apprendre à l’entretenir et le polir, faute de quoi il ne fonctionnera pas correctement.

Pendant la méditation, nous apprenons à vider l’esprit de ce que nous ne voulons pas y garder. Nous ne voulons garder à l’esprit que notre objet de méditation. Quand nous y parvenons de mieux en mieux, nous commençons à utiliser cette même capacité dans notre vie quotidienne pour nous aider à lâcher les pensées qui ne sont pas bénéfiques. C’est ainsi que notre pratique de la méditation nous aide au quotidien et que notre attention aux pensées bénéfiques dans la vie quotidienne nous aide dans la pratique de la méditation. La personne qui parvient à maîtriser ses pensées et apprend à penser uniquement à ce qu’elle veut, est un être « éveillé » ou arahant.

Ne soyez pas surpris si ce lâcher prise des pensées ne fonctionne pas tout le temps ; il fonctionnera certainement de temps en temps. On ressent une détente et un soulagement extraordinaires quand on arrive à penser, ne serait-ce qu’un instant, à ce que l’on veut penser parce que l’on est devenu maître de l’esprit au lieu d’être sous son emprise. L’implication dans toutes les pensées qui peuvent surgir, joyeuses ou tristes, sans cesse  fluctuantes – voilà ce que nous apprenons à lâcher quand nous parvenons à maintenir notre attention sur l’objet de méditation.

La seconde étape consiste à entraîner l’esprit. Un esprit non entraîné est comme une masse vacillante et fluctuante qui court d’un objet à l’autre et a beaucoup de mal à s’arrêter quelque part. Il vous est certainement arrivé, en lisant un livre, de réaliser, à la fin d’une page, que vous ne saviez pas ce que vous aviez lu et de devoir relire toute la page. L’esprit doit être entraîné pour pouvoir rester posé sur un point unique. C’est comme faire des pompes ou lever des poids : on développe des « muscles » dans l’esprit. La force ne peut venir qu’en entraînant l’esprit à faire exactement ce que l’on veut qu’il fasse, à se poser quand on veut qu’il se pose.

Cette force engendrée dans l’esprit est également liée au renoncement, au lâcher-prise que la concentration implique. Comme nous ne sommes pas des êtres éveillés, nous avons tous un ego assez fort. Le syndrome du « moi » et du « mien », ainsi que celui des opinions personnelles bien arrêtées, sont à l’origine de tous les problèmes du monde. Nous pouvons être certains que l’ego est renforcé quand nous pensons, parlons, lisons, voyons un film ou utilisons l’esprit dans l’intérêt de l’ego. Le grand renoncement qui naît de la méditation consiste à abandonner toute pensée. Quand il n’y a personne qui pense, il n’y a pas d’ego à affirmer.

Au début, il ne sera possible de lâcher les pensées que momentanément, mais c’est un pas dans la direction juste. La voie spirituelle n’est qu’une question de lâcher-prise ; il n’y a rien à obtenir ou à gagner. Bien que ces mots aient souvent été utilisés, ils ne sont qu’un moyen d’expression. En réalité, une voie spirituelle est une voie de renoncement, de lâcher-prise ; un abandon incessant de tout ce que nous avons construit autour de nous. Cela inclut nos possessions, nos habitudes conditionnées, nos idées, nos croyances et nos schémas de pensée. Il est difficile d’arrêter de penser en méditation parce que c’est comme un renoncement, un moment où l’ego perd tout support. Quand cela se produit pour la première fois, l’esprit réagit immédiatement en se disant : « Mais que s’est-il passé ? » et, bien sûr, on se retrouve à penser à nouveau !

Réussir à maintenir l’esprit posé sur un point unique permet de développer des « muscles » dans l’esprit ; cela lui donne force et puissance. L’enseignement du Bouddha est profond et extraordinaire, et seul un esprit profond et extraordinaire pourra vraiment avoir la compréhension de ce que le Bouddha a enseigné. Par conséquent, nous devons entraîner l’esprit dans ce but.

La force physique permet d’accomplir ce que nous voulons faire avec le corps. La force de l’esprit permet de faire la même chose avec l’esprit. Un esprit fort ne souffre pas de l’ennui, de la frustration, de la dépression ou de la tristesse. Il a appris à lâcher ce qu’il ne veut pas entretenir ; la pratique de la méditation lui a donné les muscles nécessaires pour cela.

L’esprit – l’outil le plus précieux et le plus complexe qui soit dans l’univers – a également besoin d’être mis au repos. Or nous pensons depuis notre plus jeune âge, sans compter toutes les innombrables vies qui ont précédé celle-ci. Toute la journée, nous pensons ; toute la nuit, nous rêvons ; il n’y a pas un instant de repos. Nous allons bien en vacances mais qu’est-ce qui va en vacances ? C’est le corps ! Il va à la plage, à la montagne, dans un pays nouveau mais que fait l’esprit ? Au lieu de penser à tout ce qui le préoccupe à la maison ou au travail, il pense aux choses qu’il va pouvoir visiter, écouter ou goûter dans ce nouveau lieu. L’esprit ne prend pas de vacances ; il pense simplement à autre chose.

Si nous ne laissions pas le corps se reposer, la nuit, il ne fonctionnerait pas très longtemps. Notre esprit a, lui aussi, besoin de repos mais ce repos ne peut être obtenu dans le sommeil. Le seul moment où l’esprit peut vraiment se reposer, c’est quand il arrête de penser et commence à simplement ressentir les choses. L’une des images que l’on utilise pour parler de l’esprit est un écran blanc sur lequel un film est projeté en continu. Parce que le film – le jeu permanent des pensées – est continu, on oublie qu’il y a forcément un écran derrière, sur lequel tout cela est projeté.

Si, en méditation, nous arrêtons le film un instant, nous faisons l’expérience de la pureté originelle de notre esprit. C’est un moment de félicité extraordinaire, un moment porteur d’une forme de bonheur introuvable ailleurs ni autrement, un bonheur indépendant des circonstances extérieures. Il n’est pas inconditionné mais il est conditionné uniquement par la concentration. Il ne dépend pas de la qualité de la nourriture ou du climat, des distractions ou des relations avec les gens ; il ne dépend ni des autres ni de leurs réactions positives ni des objets que l’on possède car tout cela n’a rien de stable, on ne peut compter dessus parce que ces choses changent tout le temps. Par contre, on peut compter sur la concentration si on la pratique régulièrement.

Une fois que la verbalisation mentale s’arrête, non seulement le calme apparaît mais il y a aussi un sentiment de contentement. L’esprit a enfin trouvé sa place. Nous ne serions guère heureux si notre corps n’avait pas de maison, pas de lieu où se poser. De même, nous ne pouvons être heureux si nous n’avons pas d’endroit où poser notre esprit. Cet espace paisible et calme est la demeure de l’esprit. Il peut y trouver refuge et s’y reposer, exactement comme le corps se repose, après une journée de travail, dans un fauteuil et, la nuit, dans un lit. Désormais, l’esprit peut lui aussi se détendre. Il n’est pas obligé de penser.

Toute pensée crée du mouvement dans l’esprit et, de ce fait, une friction apparaît. Tout ce qui bouge crée une friction. Mais, dès l’instant où nous détendons l’esprit et le laissons se reposer, il gagne en force ainsi qu’en joie car il sait, maintenant, qu’il peut se poser à tout moment. La joie trouvée en méditation se transpose dans la vie quotidienne car l’esprit sait désormais que rien ne doit être pris trop au sérieux, qu’il peut rentrer chez lui pour y retrouver le calme et la paix.

Telles sont les principales raisons pour lesquelles la vie ne peut jamais être pleinement satisfaisante sans la méditation. Elle peut nous offrir des circonstances extérieures agréables mais la satisfaction que l’on trouve grâce à la vie intérieure est beaucoup plus vaste. Le lâcher-prise, le renoncement, apportent une vision profonde, la compréhension que l’ego ne fait que vouloir, vouloir et, par conséquent, vouloir penser aussi. Quand l’ego cesse de vouloir, il n’a pas besoin de penser. Quand l’ego cesse de vouloir, toute forme d’insatisfaction disparaît. Voilà pourquoi nous devrions méditer.

Le renoncement

Renoncement
Renoncement

LE RENONCEMENT

Afin de pouvoir embrasser pleinement la voie spirituelle, de pouvoir y grandir et de la parcourir avec un sentiment de sécurité, nous devons d’abord passer par le renoncement. Le renoncement ne signifie pas nécessairement se raser les cheveux ou s’engager sur la voie monastique.

Le renoncement signifie lâcher toutes les idées et tous les espoirs auxquels l’esprit voudrait s’accrocher, et souhaiter profondément comprendre, analyser, aller au fond des choses.

L’esprit voudrait toujours plus de tout. S’il ne peut obtenir davantage, il s’invente toutes sortes d’histoires qu’il projette ensuite sur le monde. Cela n’apportera jamais aucune satisfaction véritable, aucune paix intérieure car celle-ci ne peut être que le fruit du renoncement. « Lâcher-prise » est le mot-clé de la voie bouddhiste, la disparition progressive du désir. Nous devons comprendre une bonne fois pour toutes que « davantage » ne signifie pas « meilleur ». Vouloir davantage n’a jamais de fin, il y aura toujours une chose qui nous manquera. Il est par contre tout à fait possible d’atteindre le bout de la voie du renoncement ; c’est donc une approche bien plus sensée.
Pourquoi participer à une retraite méditation et manquer ainsi toutes les opportunités de réjouissances qu’offre le monde ? Vous pourriez voyager, vous investir dans un travail valorisant, rencontrer des gens intéressants, écrire des lettres ou lire des livres, avoir du bon temps ailleurs et vous sentir tout à fait bien ; vous pourriez même trouver une autre voie spirituelle. Quand la méditation est infructueuse, on peut se dire : « Qu’est-ce que je fais là? Pourquoi suis-je assis ici ? Qu’est-ce que je peux espérer en obtenir ? » Puis une idée surgit : « Je n’y arrive vraiment pas bien du tout, je devrais peut-être essayer autre chose. »

 

Le monde est plein de promesses alléchantes mais il ne tient jamais ses promesses.

Jamais. Tout le monde a essayé nombre de ses tentations, mais aucune n’a vraiment été pleinement satisfaisante. La satisfaction véritable, la paix parfaite, l’absence de désir, ce bien-être qui consiste à être bien sans rien désirer, tout cela ne peut se trouver dans le monde. Rien ne peut assouvir pleinement et définitivement nos besoins. L’argent, les biens matériels, la compagnie d’une autre personne peuvent apporter un bien-être passager, mais nous sommes toujours en proie au doute : « Peut-être que je pourrais trouver quelque chose de mieux, de plus satisfaisant, de plus facile, de moins contraignant… et surtout, quelque chose de nouveau. » Car ce qui est nouveau est toujours plein de promesses.
Il faut comprendre l’esprit tel qu’il est : c’est un sens comme les autres, qui a pour organe le cerveau, tout comme la vue a pour organe l’œil. Dès que la conscience apparaît et que le contact est établi, nous commençons à croire qu’il y a un « moi » qui pense et qui est même propriétaire de ces pensées. De ce fait, nous sommes très intéressés par nos pensées et nous voulons les préserver – il est bien connu que les gens veillent davantage sur ce qui leur appartient que sur les biens de leurs voisins – de sorte que chacun suit ses propres pensées et croit à ce qu’elles racontent.

Mais ces pensées n’apporteront jamais le bonheur ; elles apportent espoir, inquiétude et doute.

Parfois elles sont amusantes, d’autres fois déprimantes. Quand le doute apparaît, et que l’on se laisse emporter par lui, on peut en arriver au point de cesser complètement la pratique. Pourtant, pratiquer la méditation est la seule manière de vérifier que la vie spirituelle apporte la plénitude. Tout comme il faut se nourrir pour apporter la preuve des bienfaits de la nourriture : personne d’autre ne peut nous le prouver ; chercher des preuves à l’extérieur pour n’avoir plus qu’à s’emparer de la nourriture et l’avaler n’est pas une approche juste.

La plénitude que nous recherchons n’est pas quelque chose que nous pouvons saisir et avaler pour remplir notre corps et notre esprit. Le trou béant de nos désirs et de nos attachements est trop profond pour pouvoir être comblé.

La seule manière que nous ayons d’atteindre la plénitude est de laisser aller tous nos désirs, toutes nos attentes et tout ce qui peut traverser notre esprit, de sorte qu’il n’y ait plus de sensation de manque. Dès lors, il n’y a plus rien à combler.

Le malentendu qui revient sans cesse est dû à notre attitude : « Je veux recevoir. Je veux obtenir la connaissance, la compréhension, l’amitié bienveillante, la considération. Je veux atteindre l’Eveil. » Mais il n’y a rien que nous puissions recevoir de l’extérieur, hormis une méthode et des instructions pour bien pratiquer. Il est indispensable de faire l’effort de pratiquer au quotidien pour connaître la purification.

L’insatisfaction chronique dont nous souffrons ne peut pas être comblée par quelque chose de nouveau qui nous serait donné.

Nous ne savons même pas d’où ce quelque chose pourrait venir : peut-être du Bouddha, ou du Dhamma, ou de notre maître. Nous voudrions peut-être que cela nous arrive par la méditation ou la lecture d’un livre… La réponse ne viendra pas d’un quelconque apport extérieur à nous ; elle se trouve dans le renoncement radical.
De quoi faut-il se débarrasser en priorité ? De préférence, commençons par nous libérer de toutes les circonvolutions de l’esprit, de toutes ces histoires insensées et irréalistes qu’il nous raconte et que nous ne pouvons pas nous empêcher de croire. Une façon simple de ne pas nous laisser piéger par ces histoires est de les coucher sur le papier ; une fois écrites, elles paraissent aussi ridicules qu’elles le sont en réalité. L’esprit peut toujours continuer à inventer de nouvelles histoires ; c’est sans fin. C’est pourquoi la clé de la libération est dans le renoncement : laisser passer, lâcher-prise.
Laisser aller, c’est aussi laisser monter l’intuition profonde, subconsciente, que ce que le monde propose n’est pas satisfaisant, qu’il y a une autre voie.

Il n’est pas possible de continuer à rester dans le monde en essayant d’y ajouter sans cesse quelque chose de nouveau ;

nous devons renoncer une fois pour toutes à ce genre d’ambition. Rester comme nous sommes et ajouter quelque chose : comment cela pourrait-il fonctionner ? Ajouter une pièce à une machine qui ne fonctionne pas ne la fera pas fonctionner ; c’est toute la machine qu’il faut réviser !

Cela signifie qu’il faut accepter consciemment ce que nous savons déjà au fond de nous : que notre façon habituelle de penser n’a aucune utilité. La preuve en est que dukkha – l’insatisfaction, la souffrance – est toujours là. Il revient sans cesse, n’est-ce pas ? On peut se dire parfois : « C’est de la faute de telle personne » ou bien : C’est sûrement à cause du mauvais temps ». Et puis le temps s’améliore ou la personne en question est partie, mais dukkha est toujours présent. Nous voyons bien que ce n’était pas la cause de notre insatisfaction, alors nous cherchons d’autres raisons. Au lieu de cela, nous devons nous montrer souples et attentifs pour observer ce qui apparaît dans l’esprit, une fois éliminées toutes les circonvolutions, les inventions et l’agitation. Ce qui apparaît alors peut être pur ou impur, et nous devons apprendre à traiter chacune de ces manifestations.
Dès que nous cherchons à expliquer et rationaliser ce qui se passe alors, tout le processus s’écroule à nouveau.

Nous devons arrêter de penser que nous devons ajouter quelque chose à ce qui est pour devenir un tout.

Nous devons, au contraire, retirer absolument tout ce que nous pouvons nommer pour pouvoir être « un ».

Le renoncement, c’est le lâcher-prise de tous les concepts, de toutes ces pensées qui prétendent que nous sommes quelqu’un qui sait.

Mais d’où nous vient la connaissance de cette personne qui sait ? Ce ne sont là que des idées qui se bousculent, qui apparaissent et disparaissent sans cesse. Le renoncement ne se manifeste pas à l’extérieur ; ce qui se voit n’en est que le résultat.

L’origine est à l’intérieur de soi, et c’est là que nous devons pratiquer. Si vous pensez qu’un monastère est propice à la méditation, vous verrez que cela ne suffit pas : la méditation ne peut se faire sans le renoncement.

par Ayya KHEMA

Ce que pense le Bouddha de la méditation

Méditation
Méditation

On a demandé à Bouddha :

Qu’avez vous gagné avec la méditation ?

Il a répondu : RIEN

Par contre, laissez-moi vous dire ce que j’ai perdu :

la colère, l’anxiété, la dépression, l’insécurité,

la peur de vieillir et la peur de la mort !

Laisser l’esprit en son état naturel

souffrance1
Souffrance !

Et si tout était vraiment aussi simple ? Les maîtres bouddhistes nous enseignent que le simple fait de laisser l’esprit en son état naturel est suffisant pour éliminer nos voiles et empreintes karmiques ou samskaras. En quoi cela consiste-t-il ? Justement, à ne rien faire et ce n’est pas si simple, sauf avec un peu d’entraînement 😉

 
Voici un petit texte de Lama Guendune, le Maître du Mahamudra

 
Pour parvenir à une méditation juste, il est essentiel d’obtenir une base solide de sa perspective. C’est pourquoi il est nécessaire d’écouter, de réfléchir encore et encore ; la répétition des notions fondamentales accoutume le méditant, avec leur exposition, jusqu’à ce qu’elles deviennent acquises par l’entraînement de l’esprit.
Au moment de méditer, les sources de déviations et d’égarements sont multiples et le méditant est souvent désorienté. Le rappel et l’intégration de paroles familières sont alors une aide précieuse.

Le texte est émaillé d’instructions orales de Lama Guendune Rinpoché qui en précisent la portée et le rendent accessible. Chacun peut y reconnaître ses propres expériences et incertitudes et trouver réponse à ses interrogations.

Dans sa simplicité même, l’attitude mentale correcte est difficile à cerner. Puisse ceci aider à l’acquérir. Dans la stabilisation de l’esprit, si le méditant pratique de manière trop rigide, en désirant une « stabilité stable » (1), ceci crée une situation d’activité mentale.

 
A l’orée de la session de méditation, la seule idée à émettre est : « Je me mets en méditation », sans plus produire aucune autre considération pendant la pratique, telle que « être libre de conceptions quant au désir de méditer est la phase préliminaire de la méditation ».
On demeure dans l’état de décontraction, ébahi, ouvert, sans saisie.

Lorsque cet entraînement s’affermit par la répétition de la pratique, on devient progressivement capable de demeurer sans distraction, dans l’état de clarté-vacuité, sans saisie, même au cours des quatre types d’activité (2), sans faire de cet état quelque chose d’« existant ».
On doit être capable de garder cette attention sans dispersion aussi longtemps que possible, tout d’abord le temps d’avaler une bouchée de nourriture ou de boire une gorgée de thé ou de réciter un « mani » ou encore de se lever et de faire trois pas. Puis, étant accoutumé, on s’applique à rester dans la dimension de clarté-vacuité, sans fixation. On demeure ainsi en toutes circonstances, bonnes ou désagréables, seul ou en société, sans jamais être distrait.
Ceci est illustré par une parole de Gampopa : « ne pas retracer le passé, ne pas aller au devant du futur, mais demeurer dans le dépouillement fondamental de la conscience du présent, telle qu’en elle-même ».

Que signifie : « ne pas retracer le passé ? » C’est ne pas se laisser aller à suivre les pensées qui évoquent des situations antérieures, ne pas attacher d’importance à ces pensées.

Que veut dire : « ne pas aller au devant du futur ? » C’est ne pas autoriser son esprit à anticiper sur de futures activités, ne pas se dire : « Dans l’avenir, je ferai ceci ou cela, accomplirai telle chose plutôt que telle autre. »

 
Le sens de « demeurer dans le dépouillement fondamental de la conscience du présent, telle qu’en elle-même », c’est demeurer naturel et détendu dans le moment présent sans le fixer, ni faire référence à quelque chose. C’est rester dans la vivacité propre de l’état non-artificiel : « si l’esprit n’est pas façonné, il est clair, si l’eau n’est pas trouble, elle est limpide ».

En demeurant ainsi, sans artifice, apparait une clarté sans concept, pure, inaltérée, qui dure l’espace d’un claquement de doigts, puis s’étend progressivement le temps de « traire une vache » (3).
On s’y exerce, sans voir la prolongation de cet état comme une qualité ou sa brièveté comme un défaut, mais en méditant libre d’attente et d’appréhension.
Puis lorsque dans l’expérience de non-conceptualité une pensée apparaît, on se pose dessus d’une façon très détendue. « L’esprit est lié par l’occupation (mentale), si on le détend, il se libère ; cela ne fait pas de doute » ; c’est ce qu’on appelle relâchement ou lâcher prise.

 
Lama Guendune

 
NOTES
1 – Stabilité mentale : le méditant a tendance à fixer une idée de la stabilité dans son esprit, et tente de conduire sa méditation pour parvenir à cet état supposé. Ce concept de stabilité, souvent lié à la recherche d’un esprit sans pensées, est un obstacle à la véritable compréhension de la stabilité mentale.
2 – Quatre types d’activités : en fait, terme qui induit toutes les activitésà travers les quatre attitudes du corps : assis, debout, en mouvement, couché.
3 – Image traditionnelle : dix, quinze minutes.
Source : jutier.net

 

 

Comment méditer pour être heureux

4 juin 2012, 21:58

L'Enseignant Bouddha Shakyamuni

L’Enseignant Bouddha Shakyamuni

Les préparations

Après avoir nettoyé la salle de méditation et avoir disposé des objets servant de supports de visualisation, prenons la posture en sept points

1) Asseyons-nous sur un coussin, le dos surélevé par rapport au devant du corps, dans la position du lotus. Il est aussi convenable de simplement croiser les jambes. En cas d’incapacités physiques, on peut simplement s’asseoir sur une chaise.

2) Les deux mains reposent dans le moudra de l’équanimité méditative, les paumes vers le haut, la main droite repose sur la main gauche. Les extrémités des pouces se rejoignent vers le haut, ce qui représente l’union de la félicité et de la vacuité. La forme ainsi produite symbolise que cette union est la source d’émergence de tous les phénomènes. Les deux mains doivent être placées à environ quatre centimètres plus bas que le nombril. Ce point est très important car c’est à cet endroit qu’est généré le feu interne (toummo en tibétain).

3) Le dos doit être aussi droit qu’une flèche. En effet, si le corps est droit, les canaux d’énergie subtile et les vents qui y circulent le seront aussi. Ainsi, l’esprit deviendra maniable.

4) Les dents et les lèvres sont dans une position naturelle et le bout de la langue touche au palais. Cela préviendra l’assèchement de la bouche et empêchera que la salive ne s’écoule hors de celle-ci lors d’absorptions méditatives profondes.

5) La tête est légèrement penchée vers l’avant.

6) Les yeux regardent vers le bas suivant les ailes du nez. Cette technique aide à prévenir l’agitation et le relâchement mentaux. Il est parfois expliqué de méditer les yeux complètement fermés ou encore en regardant devant soi. Cela n’est toutefois pas conforme à la tradition suivie ici.

En effet, en méditant les yeux fermés, on risque de devenir facilement en proie à la léthargie, au relâchement mental, à la torpeur, au sommeil, à la fatigue physique ou mentale, etc. À l’autre extrême, les yeux complètement ouverts peuvent conduire à l’agitation, la dispersion et la distraction. C’est pourquoi les saints maîtres du passé expliquent qu’il faut méditer les yeux juste entrouverts pour se prémunir contre ces difficultés.

Certaines personnes trouvent toutefois plus facile de méditer les yeux fermés ou les yeux ouverts et ne sont pas aux prises avec les difficultés mentionnées ci-haut. Le but de la méditation étant d’atteindre la concentration, si une technique nous convient mieux qu’une autre, il est permis de l’adopter. Le fait d’avoir les yeux fermés ou ouverts n’est qu’une condition extérieure. En effet, le calme mental et la concentration s’atteignent par la conscience mentale et non par la conscience visuelle.

7) Les épaules sont droites, ni trop tendues ni trop relâchées, juste un peu surélevées, à la manière d’un oiseau qui s’apprêterait à s’envoler.

Il existe aussi la technique des « neuf cycles respiratoires », qui permet de purifier les blocages du corps subtil composé de canaux et de vents. Tout d’abord, les cinq centres d’énergie (chakras) où circulent les vents sont : 1) le chakra de la grande félicité situé au sommet de la tête, 2) le chakra de la jouissance situé au niveau de la gorge, 3) le chakra du Dharma situé au niveau du cœur, 4) le chakra de l’émanation situé sous le nombril et 5) le chakra qui entretient la félicité situé au niveau de la région secrète (c’est-à-dire le sexe).

Associés à ces cinq chakras circulent cinq vents : 1) le vent imprégnant de couleur bleue pâle, 2) le vent ascendant de couleur rouge, 3) le vent vitalisant de couleur blanche, 4) le vent de glissement régulier de couleur verte et 5) le vent d’élimination de couleur jaune. Cette technique permet de purifier les cinq émotions perturbatrices que sont : 1) l’aversion, 2) le désir-attachement, 3) l’ignorance, 4) la jalousie et 5) l’orgueil.[1]

Avec cette technique permettant de purifier les blocages du corps subtil (canaux et vents), le calme mental ainsi que d’autres qualités ne seront pas difficiles à obtenir et pourront être actualisés en cette vie même.

Le corps subtil

La technique des « neuf cycles respiratoires » se pratique de la manière suivante. On fait d’abord trois respirations en expirant de la narine droite et en inspirant de la narine gauche. Ensuite, on inverse l’ordre pour trois respirations, en expirant de la narine gauche et en inspirant de la droite. Pour terminer, on fait trois respirations en utilisant les deux narines simultanément.

Habituellement, on ne fait pas mention des canaux et des vents dans l’enseignement des soutras[2]. Toutefois, il est très utile d’en parler ici afin de savoir comment purifier les vents subtils.

Si l’esprit éprouve des difficultés parce qu’il est distrait par des pensées conceptuelles dérangeantes, il est possible de visualiser que tous ces éléments perturbants s’échappent du corps sur-le-champ sous forme de lumière ou de fumée noire, lors d’une expiration naturelle. Lors de l’inspiration, on imagine qu’une lumière blanche pénètre en nous et purifie notre esprit.

Par exemple, si l’esprit est agité à cause de l’attachement à des préoccupations reliées au travail, aux amis, etc., on peut utiliser la technique du compte de la respiration, en comptant « 1 » pour l’inspiration, « 2 » pour l’expiration, etc. jusqu’au compte de « 7 », en essayant de conserver l’esprit concentré intérieurement. Si cela ne fonctionne pas, on recommence en comptant jusqu’à « 9 ». De la même façon, on peut recommencer le processus pour se rendre à « 11 », « 15 » ou « 21 ». On dit qu’il s’agit de la meilleure façon de mettre un terme à la distraction et de garder l’esprit concentré.

Lors de la méditation, si des émotions telles que le désir-attachement ou la colère nuisent à la concentration, dirigeons immédiatement notre conscience visuelle ou n’importe laquelle de nos consciences sensorielles vers un objet extérieur afin de distraire notre esprit. Ainsi, la conscience mentale sera attirée naturellement et on oubliera la perturbation précédente. En voyant l’esprit ainsi redevenu serein, il est possible de le ramener immédiatement à la méditation. Cette technique peut contribuer à l’atteinte de la concentration.

Enfin, la technique la plus efficace permettant l’atteinte de la concentration est de débuter en visualisant dans l’espace devant soi le Bouddha Shakyamouni ou une autre figure inspirante et réciter une pratique rituelle ainsi qu’un mantra qui leur sont associés. Cela arrêtera toute distraction externe ainsi que toute pensée conceptuelle et permettra ensuite de concentrer l’esprit en un point. Cette technique permettra de réaliser le calme mental très rapidement, en cette vie même.

Les conditions favorables à l’atteinte du calme mental

Maitreya explique :

« Le sage médite en un endroit où les commodités sont accessibles, un endroit béni, salubre, près d’amis positifs et doté de tous les prérequis nécessaires au bien-être du yogi. »

a. L’accessibilité des commodités

L’accessibilité des commodités signifie demeurer dans un endroit retiré et paisible où notre présence ne nuit pas aux autres et où l’on peut facilement se procurer ce qui est nécessaire à la santé (nourriture, vêtements, etc.) Ceux ayant des besoins spécifiques en ce qui concerne les médicaments ou la nourriture devraient s’assurer que ce dont ils ont besoin ne leur fera pas défaut.

Particulièrement à notre époque, ce que nous devons à tout prix trouver est le temps. À cela doit s’ajouter une grande détermination. En effet, même si l’on réussit à trouver le temps pour méditer, mais qu’intérieurement on n’est pas prêt, on cherchera à faire autre chose, à accomplir un tout autre projet. De nos jours, ce genre d’obstacles abonde. Il est donc primordial de trouver du temps et d’avoir une grande détermination.

Si nous ne cherchons jamais à avoir le temps, il ne faut pas s’attendre à ce que le temps se présente de lui-même. En effet, c’est à celui qui cherche à atteindre le calme mental à aménager son temps à cette fin.

b. Un endroit béni

Demeurer dans un endroit sacré ne veut pas dire que l’on devrait absolument aller vivre à Bodhgayâ en Inde, au Tibet, ou encore dans un monastère, un ermitage, une grotte ou un désert. Toutefois, si l’on peut résider en un endroit visité par les grands maîtres du passé ou encore un endroit béni, non seulement les éléments et les forces extérieures ne dérangeront-ils pas, mais il sera plus facile de purifier l’esprit et d’engendrer en soi les bénéfices des réalisations.

Bref, un endroit béni n’implique pas seulement que le lieu soit béni. Le sens réel est que l’esprit doit être discipliné, pacifié et très pacifié. Si ces trois éléments sont présents, alors l’endroit est béni.

c. Un endroit salubre

On devrait demeurer dans un endroit libre d’épidémies, de maladies ou de climat extrême. De plus, l’eau et la terre ne devraient pas être contaminées.

En effet, les éléments extérieurs (terre, eau, feu et air) et les éléments intérieurs psychosomatiques (agrégats, éléments, sources de perception, canaux et vents) doivent être équilibrés. C’est également une condition contribuant à l’atteinte du calme mental. Un endroit salubre signifie à la fois un lieu et une situation où rien ne peut nuire à la santé.

Si les éléments extérieurs sont en déséquilibre et entraînent un climat extrême ou des épidémies, cela nuira à la santé. S’il survient des débalancements au niveau des éléments psychosomatiques qui créent des inconforts, des impuretés dans les canaux et les vents, etc., cela nuira à la santé également.

d. Des amis positifs

Il est préférable de s’entourer de plusieurs personnes positives partageant la même vision et la même attitude que la nôtre. En tant que débutant, il est très mauvais de demeurer seul et sans amis. On dit qu’on devrait avoir au minimum trois amis avec qui pratiquer.

e. Avoir tous les prérequis nécessaires au bien-être du yogi

On doit avoir reçu toutes les transmissions et explications nécessaires et surtout être devenu expert dans la pratique. De nos jours, certaines personnes ne sont pas intéressées à recevoir les instructions concernant le calme mental, mais souhaitent quand même méditer. Bien sûr, ce manque d’intérêt envers les instructions nuit grandement à leur pratique et leur bloque la voie à toute réalisation.

Le glorieux Atisha a dit :

« Celui en qui les prérequis au calme mental ont dégénéré, même s’il médite durant des milliers d’années avec effort, n’arrivera pas à développer la concentration. »

Ainsi, avant de pouvoir pratiquer, on doit avoir réuni toutes les conditions nécessaires et au minimum avoir reçu les instructions et transmissions. Si une seule des conditions manque, l’atteinte de réalisations sera extrêmement difficile. Par exemple, comment un avion pourrait-il voler s’il lui manque une pièce?

Certaines personnes se demandent parfois s’il y a une différence entre le fait de méditer le matin ou le soir. Le plus important est de savoir que si l’on médite lorsque le corps et l’esprit sont frais et dispos, lorsque l’esprit et clair et alerte, il sera plus facile de générer le calme mental.

Le soir, des obstacles au calme mental tels que la paresse se manifestent facilement. Le matin, l’esprit est plus clair et l’énergie circule avec plus d’aisance dans les canaux du corps. De plus, après une bonne nuit de sommeil, les souvenirs grossiers des activités et des problèmes des journées précédentes sont temporairement oubliés. Ainsi, le meilleur moment pour pratiquer la méditation sur le calme mental est avant de commencer les activités quotidiennes qui viendront à nouveau occuper l’esprit.

Le temps que prendra l’atteinte du calme mental dépend exclusivement de la réunion de toutes les conditions favorables. Il est dit que si l’on pratique les préparations continuellement avec l’ensemble des conditions extérieures et intérieures qui permettent la réalisation du calme mental, il pourra être atteint en moins de six mois. Cette information concerne toutefois des époques très vertueuses. De nos jours, le développement matériel et technologique cause beaucoup de distractions, d’agitation mentale et de pensées conceptuelles. Il est donc difficile de présumer du temps que cela pourrait prendre. Cela dépend surtout de l’attitude personnelle de chacun, car on ne parle pas d’une durée spécifique qui serait nécessaire pour atteindre le calme mental dans les textes classiques. Les pratiquants se doivent donc de bien connaître ces préparations et conditions favorables.

2. La pratique proprement dite 

La méditation est la familiarisation ou le maintien de l’esprit en concentration sur un objet visualisé clairement. C’est le propre d’un esprit qui ne se laisse pas diriger par les distractions externes et internes.

L’objet sur lequel on médite doit être visualisé [3] clairement à une distance d’environ deux mètres devant soi et 50 centimètres plus haut que le cœur, c’est-à-dire face à l’espace entre les sourcils. Il doit être perçu d’aspect lumineux et lourd, de la taille d’un pouce environ. Le fait de l’imaginer lumineux empêche le relâchement mental. Le visualiser lourd prévient l’agitation. La concentration doit absolument inclure trois caractéristiques, à savoir le mode d’appréhension, la stabilité et la clarté. Le mode d’appréhension doit être équilibré entre clarté et stabilité.

Quel objet devrait-on choisir pour la visualisation? Celui qui est à l’origine des instructions concernant le calme mental et la vision pénétrante à notre époque est le Bouddha Shakyamouni. Il est donc dit que de visualiser le corps du Bouddha contribue à l’achèvement des accumulations de mérite et de sagesse et à la purification des voiles, en plus de faciliter l’atteinte du calme mental.

Ces instructions sur la manière de visualiser l’objet s’adressent seulement aux pratiquants à la recherche du calme mental. Elles ne s’adressent pas à n’importe qui. Il est aussi possible de visualiser un objet tel qu’une goutte, une lettre, une lumière, une fleur, etc.

C’est l’image mentale qui doit être utilisée et non l’objet lui-même, car c’est la conscience mentale intérieure qui médite et qui pourra éventuellement atteindre le calme mental. Il n’est jamais fait mention dans les textes classiques d’une méditation exercée par une conscience sensorielle extérieure sur un objet physique.

Durée de la session de méditation

Les Terres des auditeurs et la majorité des autres textes classiques ne font pas clairement mention de la durée recommandée pour une séance de méditation. Le troisième volume des Étapes de la méditation de Kamalashila explique qu’on peut demeurer en méditation aussi longtemps qu’il est possible de le faire. Bien que cette mention fasse référence à une personne ayant déjà réalisé le calme mental et qui médite sur la vision pénétrante, il est évident qu’il en est de même pour la durée de la session de méditation sur le calme mental.

Si l’on a une période déterminée pour la pratique, comme c’est le cas lors d’une retraite, on fera quatre séances : une à l’aube, une l’avant-midi, une l’après-midi et une au crépuscule. Au début, si les séances de méditation sont trop longues, on sera facilement en proie à l’agitation et au relâchement. Il est donc préférable de faire plusieurs séances de courte durée. Selon la tradition suivie ici, le plus important est de respecter ses propres capacités physiques.

On peut demeurer en équilibre méditatif aussi longtemps qu’on ne ressent aucun inconfort ou obstacle physique ou mental. Dès que survient un obstacle, ne persistons pas et arrêtons immédiatement la séance. Éliminons les obstacles physiques et mentaux et reprenons ensuite la méditation. C’est ainsi que pensent les érudits. Nous devrions donc les imiter.

Maitreya explique :

« Il provient de l’abandon des cinq obstacles et de l’application des huit antidotes. Voici les cinq obstacles : la paresse, l’oubli de l’instruction, le relâchement et l’agitation, la non-application des antidotes et l’application excessive des antidotes. »

Les cinq obstacles au calme mental sont donc :

a)   la paresse;

b)   l’oubli de l’instruction;

c)   le relâchement et l’agitation;

d)   la non-application des antidotes aux obstacles;

e)   l’application excessive des antidotes lorsqu’il n’y a plus d’obstacles.

Les huit antidotes aux cinq obstacles sont :

a. la foi confiante,

b. l’aspiration,

c. l’effort joyeux,

d. la souplesse méditative,

e. l’attention,

f. la vigilance,

g. l’application de l’antidote,

h. l’équanimité de la non-application.

Les quatre premiers antidotes contrent la paresse; chacun des antidotes suivants s’appliquent aux quatre derniers obstacles respectivement. Maitreya  affirme :

« Ensuite, celui ayant atteint la grande souplesse physique et mentale est dit posséder l’application. »

Après avoir parcouru la totalité des neuf étapes, la concentration dotée de la félicité induite par la souplesse qui peut demeurer en équilibre méditatif sur son objet pour la durée désirée se nomme calme mental. Il est de deux types : celui ayant pour objet la multiplicité des phénomènes et celui ayant pour objet la nature réelle des phénomènes.

On le nomme calme mental [4] car l’esprit préalablement dispersé vers des objets extérieurs se pacifie (shi) par la demeure (nè) centrée sur un point vers un objet intérieur.

3. La conclusion 

À la fin d’une session de méditation incluant tous les aspects du calme mental, on doit faire des souhaits et dédicaces :

Les souhaits :

Ayant pacifié la distraction vers les objets erronés et analysé le sens de la réalité, bénissez-moi afin que naissent rapidement dans mon continuum mental la voie unissant le calme mental et la vision pénétrante.

Et les dédicaces :

L’esprit d’éveil est précieux. Puisse-il naître chez ceux en qui il n’est pas encore apparu. Là où il est né, puisse-t-il ne jamais dégénérer et croître toujours de plus en plus fort.

Il n’y a pas un seul moment qui ne soit inclus soit dans la séance de méditation, soit entre les séances de méditation. Si nous entraînons notre esprit pendant la séance de méditation mais que nous sommes distraits entre celles-ci, cela nuira grandement à notre pratique lors du retour en séance de méditation. Nous devons faire attention de ne pas nous laisser distraire à ces moments-là.

[1] Ici n’est présentée qu’une brève introduction sur le sujet. Le lecteur est prié de s’en remettre aux textes classiques pour plus de détails.

[2] L’enseignement du Bouddha se divise en deux niveaux : celui des soutras et celui des mantras. Le premier est le fondement, l’emphase étant mise sur l’étude, la réflexion et l’analyse. Développé sur la base d’une compréhension solide du premier, l’enseignement des mantras met l’emphase sur la visualisation et le pouvoir de l’imagination afin d’actualiser l’état d’éveil.

[3] Il ne s’agit pas de regarder une image devant soi, mais d’imaginer cette image devant soi, par la conscience mentale. C’est cette dernière qui atteint le calme mental, non la conscience visuelle.

[4] En tibétain : shinè; traduction littérale : demeure dans la paix. En sanscrit : samatha.

Dédicace

Puisse l’effort mis à composer Trouver le bonheur au quotidien : conseils de la sagesse bouddhiste tibétaine contribuer à ce que les problèmes disparaissent du monde et à ce que le bonheur, la joie et la paix y resplendissent rapidement! Puisse-t-il particulièrement contribuer à ce que Sa Sainteté le Dalaï-Lama et les autres précieux maîtres demeurent durant des centaines d’éons dans ce monde et que leurs souhaits s’accomplissent spontanément.

L’auteur demande également aux érudits qui pourraient déceler dans cet écrit des éléments superflus, des omissions ou des erreurs d’être indulgents envers lui.

Écrit par Guéshé Lobsang Samten à Québec, Canada

Guéshé Samten - www.lamasamten.com

Guéshé Samten – http://www.lamasamten.com

Le chemin de Samatha Vipassana

Le chemin de Samatha
Le chemin de Samatha

 

L’illustration ci-dessus, reproduit une xylographie originale tibétaine qui présente les neuf étapes du cheminement de samatha en les illustrant par neuf scènes.

 

Il y a deux personnages : l’homme, qui est le sujet méditant, l’observateur, et l’éléphant, son esprit. Le méditant manie les deux outils dont il dispose pour développer samatha : l’attention et le rappel.

La hachette, incisive, représente l’acuité de l’attention vigilante, et la corde à crochet est le souvenir de la pratique, le rappel. Comme de nombreuses distractions interrompent l’état d’attention vigilante, le méditant doit y revenir par des rappels constamment répétés. La vigilance est l’acuité de base de la méditation et le rappel l’élément qui en assure la continuité.

L’état de samatha a deux principaux obstacles : d’une part l’agitation créée par les fixations sur les pensées et les émotions, et d’autre part la torpeur, l’opacité mentale. La torpeur est représentée par la noirceur de l’éléphant et l’agitation par celle du singe. Le feu qui décroît au fil des étapes exprime le niveau énergétique de la méditation : au fur et à mesure qu’elle progresse, la pratique exige de moins en moins d’efforts.

Les six virages du chemin délimitent six paliers de la progression, dominés successivement par six forces de la pratique qui sont : l’écoute des instructions, leur assimilation, leur souvenir, la vigilance, la persévérance et la parfaite habitude.

En bordure du chemin sont placés différents objets : plat de nourriture, conque, petite cymbale et miroir représentant les objets sensoriels : saveurs, odeurs, sons, et formes visuelles, qui distraient du chemin de samatha si le méditant se dirige vers eux.

1 – Au bas de la reproduction, à la « première station », la distance séparant le méditant et son esprit est grande. L’éléphant de l’esprit est mené par le singe de son agitation. Le feu est important, c’est-à-dire que la méditation demande beaucoup d’énergie ; les obstacles sont à leur maximum : tout est noir.
2 – À la deuxième station, le méditant grâce à son attention se rapproche de l’éléphant ; le singe mène toujours l’esprit mais le rythme s’est ralenti. L’opacité et l’agitation décroissant, du blanc filtre dans la noirceur de l’éléphant et du singe.
3 – À la troisième station, le méditant ne court plus vraiment après son esprit ; ils sont maintenant face à face. Le singe est toujours en avant mais il n’entraîne plus l’éléphant. Un contact suivi entre le méditant et l’esprit s’est établi avec la corde du rappel. Une forme de torpeur subtile, passée jusqu’alors inaperçue, apparaît ; c’est le petit lapin. La noirceur de l’opacité et de l’agitation décroissent.
4 – À la quatrième station, l’évolution se précise, le méditant se rapproche encore de l’éléphant. La blancheur du singe, de l’éléphant et du lapin progresse. La scène est plus calme.
5 – À la cinquième station, la situation se renverse. Le méditant guide maintenant l’éléphant de l’esprit avec une attention et un rappel continus. Le singe ne conduit plus, mais le lapin est toujours là. La scène est encore plus claire.

Dans l’arbre, un singe blanc cueille des fruits blancs : il représente l’activité de l’esprit s’engageant dans des actes positifs. Bien que de telles actions doivent habituellement être cultivées, ce sont des distractions pendant la pratique de samatha ; c’est pourquoi l’arbre est noir et à l’écart du chemin.

6 – À la sixième station, les progrès se précisent ; le méditant conduit ; le rappel de la méditation est constant sans que l’attention n’ait plus besoin d’être dirigée vers l’esprit. Le lapin est parti et la situation se clarifie de plus en plus.
7 – À la septième station, la scène est devenue très paisible. La marche n’a plus à être dirigée. La situation est devenue presque complètement transparente ; quelques taches noires signalent encore des points délicats.
8 – À la huitièmestation, l’éléphant marche docilement avec le méditant. Il n’y a pratiquement plus de noir et la flamme de l’effort a disparu. La méditation est devenue naturelle et continue.
9 – À la neuvième station, l’esprit et le méditant sont tous deux au repos complet. Ils sont comme de vieux compagnons habitués à rester tranquilles ensemble. Les obstacles ont disparu, samatha est parfait.
Les tableaux suivants, portés par le faisceau émanant du cœur du méditant, représentent l’évolution de la pratique au sein de cet état de samatha. La réalisation de samatha est caractérisée par des expériences d’allégresse et de ravissement, illustrées par le méditant volant ou transporté à dos d’éléphant.
Le dernier tableau se réfère à la pratique conjointe de samatha et de vipasyana. La démarche se renverse. Esprit et méditant sont ensemble, l’un chevauchant l’autre. Le feu révèle une nouvelle énergie qui apparaît : l’intelligence immédiate, représentée par l’épée flamboyante de la connaissance transcendante, tranche les deux faisceaux

 

Le Calme Intérieur

Calme
Calme

 

LE CALME INTÉRIEUR

La méditation a pour but de libérer l’esprit de l’ignorance et de la souffrance.

Comment s’y prendre ?

Là encore le simple souhait d’y parvenir ne suffit pas. Il faut appliquer une méthode systématique qui permette de débarrasser l’esprit des voiles qui l’obscurcissent. Comme c’est l’esprit lui-même qui doit se charger de cette tâche, assurons-nous d’abord qu’il en est capable. S’il ne tient pas en place un seul instant, comment pourrait-il se libérer de son ignorance ?

L’esprit ressemble à un singe entravé par de nombreux liens, qui ne cesserait de sauter dans tous les sens pour se détacher. Il gesticule tant et si bien qu’il empêche quiconque, y compris lui-même, de défaire un seul nœud. Il faut commencer par le pacifier et le rendre attentif. Calmer le singe ne signifie pas l’immobiliser en le gardant enchaîné. Le but est de profiter de ce répit pour lui rendre la liberté.

On utilisera pareillement la maîtrise qui accompagne l’esprit lorsqu’il est calme, attentif, clair et maniable pour le libérer des liens créés par les pensées vagabondes, les émotions conflictuelles et la confusion.

Les automatismes de pensée, entretenus par nos tendances et nos habitudes, de même que la distraction et les fabrications conceptuelles qui déforment la réalité, sont autant d’obstacles à l’atteinte de ce but. Il faut donc remédier à ces conditions défavorables. Maîtriser l’esprit ne signifie pas lui imposer de nouvelles contraintes qui le rendrait encore plus étriqué et tendu ; c’est au contraire l’affranchir de l’emprise des conditionnements mentaux et des conflits intérieurs entretenus par les pensées et les émotions.

Pour reconnaître la nature véritable de l’esprit, il faut par conséquent ôter les voiles engendrés par les automatismes de pensée.

Comment s’y prend-on ?

Supposons que nous ayons fait tomber une clef au fond d’un étang. Si nous prenons un bâton et remuons la vase, nous rendrons l’eau complètement opaque et nous n’aurons aucune chance de retrouver la clef. Nous devons d’abord laisser l’eau se décanter jusqu’à ce qu’elle devienne limpide, après quoi il sera plus facile de discerner la clef et de la repêcher.

De même, il faut commencer par laisser l’esprit devenir clair, calme et attentif. Ensuite, il sera possible d’utiliser ces nouvelles qualités pour en cultiver d’autres, comme l’amour altruiste, la compassion, et pour acquérir une vision profonde de la nature de l’esprit.

Pour atteindre ce but, toutes les écoles du bouddhisme enseignent deux types de méditations fondamentales et complémentaires : le « calme mental », appelé Samatha en sanskrit, et Vipassana la « vision pénétrante » . Samatha est l’état d’esprit apaisé, clair et parfaitement concentré sur son objet. Vipassana est la vision pénétrante de la nature de l’esprit et des phénomènes, à laquelle on parvient en analysant minutieusement la conscience, puis en ayant recours à la pratique contemplative, à l’expérience intérieure. Vipassana permet de démasquer les illusions et, par conséquent, de ne plus être victime des émotions perturbatrices.

En résumé, Samatha prépare le terrain en faisant de l’esprit un outil maniable, efficace et précis, tandis que Vipassana libère l’esprit du joug des afflictions mentales et des voiles de l’ignorance.

Source : groupe de méditation à Lyon

http://www.meditationlyon.com/

%d blogueurs aiment cette page :