
Nous avons tous en nous un enfant blessé,
dont nous avons besoin de prendre soin !
Je me suis longtemps demandée pourquoi la dimension de l’enfant était si peu prise en compte dans le bouddhisme. Si on considère que le karma est quelque chose d’établi, on peut aussi en déduire que cette vie présente contient l’intégralité de notre karma, et donc que l’enfant porte en lui l’essentiel de ses vies passées.
Il m’est venu l’idée que peut-être, le Bouddha n’avait pas eu à se confronter à ce genre de souffrances. Les textes disent en effet que le Bouddha Sakyamouni a vécu des milliers de vie antérieures avant de s’incarner il y a 2500 ans. Il aurait donc accompli un nombre indéfini d’actes qui lui aurait permis une incarnation de « prince ».
Le Bouddha Sakyamouni était un prince, le prince Siddharta. Durant son enfance, il n’a peut-être pas été confronté aux souffrances de l’abandon, du rejet, de la mauvaise estime de lui-même etc…ce qui ne veut pas dire qu’il ne l’ait pas connu dans des vies antérieures. Ceci pourrait expliquer les raisons pour lesquelles l’enfant est si peu évoqué dans ses enseignements. Ce n’est bien sur qu’une supposition.
En même temps, ses enseignements portant sur l’origine de la souffrance, sur la nature même du fonctionnement de l’esprit et les moyens de remédier à cette souffrance, on peut dire qu’ils englobent tout, mais ils restent parfois difficiles à appréhender car pas suffisamment proches de la façon dont nous sommes capables, en tant qu’occidentaux, de recevoir ces enseignements (enfin c’est mon humble avis).
Depuis quelques temps, on constate que certains centres bouddhistes intègrent à leurs enseignements d’autres aspects de la vie, et notamment ceux liés à l’enfance.
J’ai vu récemment sur le programme de l’institut Karma ling que le Lying y était proposé.
Le lying (du verbe anglais to lie = être allongé) est un dispositif thérapeutique créé par le Sage bengali Swami Prajnanpad, pratiqué et transmis ensuite par certains de ses étudiants, dont Arnaud et Denise Desjardins.
S’étant intéressé très tôt aux écrits de Freud, Prajnanpad vit une convergence étonnante entre les perspectives de sa propre tradition spirituelle et les découvertes de la psychanalyse. En particulier cette notion centrale que les racines de notre souffrance et de nos difficultés à être sont en lien avec des moments douloureux de notre propre histoire.
Toute expérience de vie demande à être métabolisée sur le plan psychique : nous avons à l’assimiler pour la traverser et grandir à travers elle, et éliminer le cas échéant les émotions et les tensions qu’elle a pu provoquer.
Lorsque l’intensité de l’expérience dépasse nos capacités de métabolisation (ou, qu’enfant ou adolescent, l’accompagnement et le soutien nécessaires nous ont manqué), nous restons avec des nœuds émotionnels qui nous conditionnent à vivre de manière répétée certaines situations ou ressentis problématiques.
Même si souvent nous en rejetons le blâme à l’extérieur, il nous arrive parfois de pressentir qu’il y a quelque chose en nous qui participe inconsciemment à ce que nous vivons de difficile. Et que nous sommes en quelque sorte, à certains endroits, agis par le passif de ce qui nous a manqué ou fait souffrir.
Le lying vise à retrouver les mémoires douloureuses en cause et l’énergie refoulée qu’elles contiennent encore pour permettre au travail d’intégration resté en plan de s’accomplir. Et trouver progressivement la liberté, selon l’adage bien connu, de « devenir ce que nous sommes ». Source Lying.ch
Ceci est un exemple parmi d’autres, et il est intéressant de constater que le bouddhisme évolue et commence à intégrer des concepts extérieurs à la tradition, probablement dans le souci de s’adapter à une culture occidentale bien différente de la culture indienne ou tibétaine.
Il me semble pour ma part que si nous parvenons à nous reconnecter à notre enfant intérieur, nous réussirons ainsi à éliminer un bon nombre de blocages émotionnels qui polluent notre vie d’adultes et que l’enseignement du Dharma serait ainsi facilité.
Je vous souhaite une belle journée ensoleillée
Françoise
Étant une disciple d’Arnaud Desjardins, j’ai jeté un oeil au Lying de Swami Prajnanpad. Intéressant. Intéressantes aussi ses idées (celles de Desjardins) sur l’éducation des enfants.
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oui, il y a des séminaires chaque mois en ce moment en Savoie, assistés d’un lama pour la partie méditation, mais vite pris d’assault 😉
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Merci beaucoup pour cet article, Françoise car si, comme tu le sais déjà, beaucoup de concepts bouddhistes me sont très chers, d’autres demeurent difficilement assimilables pour nous, les occidentaux…
Et ce cher karma, bien qu’il ait bon dos 🙂 ne peut pas tout porter… alors cet intérêt pour l’enfant que nous avons été dans cette vie me réjouit énormément car, même si nous avons choisi nos incarnations, nos parents et tout ce qui vient avec, nos blessures fondamentales se forment à cette période et il essentiel de les conscientiser pour les cicatriser…
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bonjour Elisabeth, lorsque les maîtres tibétains sont arrivés en Occident pour y enseigner, ils ont été confrontés à un problème qui n’existe pas au Tibet : notre mental. Les occidentaux ont un grand mental qui génère de la souffrance, car tout a besoin d’être analysé, justifié, compris intellectuellement etc…Il n’est pas impossible voire très probable que nos blessures fondamentales soient le résultat de nos actions passées et que nous essayions de les justifier dans cette vie par notre environnement (c’est à cause de ceci ou cela que je vais mal etc…). En réalité, ces blessures étaient déjà là au moment de notre naissance et c’est nous qui les projetons sur les autres puis nous les justifierions intellectuellement. Et tout cela procèderait de l’ignorance fondamentale. Par expérience, il suffit effectivement de laisser son esprit dans son état naturel pour que naturellement, les voiles (et donc blessures également), remontent à la surface et se dissolvent ! ça, ça fonctionne c’est vrai. La difficulté est d’expliquer à un occidental que tout est aussi simple que ça, parce que nous sommes tellement habitués à tout analyser que nous avons besoin de quelque chose qui nous « parle ». Je pense que nous nous embarrassons l’esprit inutilement mais en même temps, comme nous sommes des mentaux, un concept nous est nécessaire. Si je prends mon cas personnel, j’ai constaté que si quelqu’un me dit « prends soin de toi », ça ne me parle pas, parce que je n’ai pas une grande conscience du Moi, par contre, si on me dit « prends soin de ton enfant intérieur », là je peux y mettre une image et ça m’aide. A mon avis, c’est juste une histoire de concepts, c’est pour ça d’ailleurs que plusieurs lignées du bouddhisme existent, afin de s’adapter à chaque culture, et en tout cas, je suis heureuse de voir que le bouddhisme a une si grande capacité d’adaptation et est capable d’ajouter des cordes à son arc dans le but de toujours aider les autres à se libérer de leur souffrance 😉
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Je viens de te nominer pour l’Angel Award! Félicitations pour ce Prix bien mérité. Le lien du règlement est sur mon blog que je t’invite à consulter et le cas échéant y laisser un commentaire, merci
https://lunesoleil23.wordpress.com/2014/06/13/stationnement-de-lasteroide-angel-dans-le-signe-de-la-balance/
Je te souhaite un excellent weekend ❤
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c`est vrai, en occident on semble vouloir tout analyser. Je crois que tôt ou tard, si on recherche notre vérité
intellectuellement, on comprendra avec nos ménèges. Mais, cette recherche m`a amener vers des situations
où les émotions ont pris l`avant scène. Ma compréhension intello m`a aidé à ne pas «être submerger par
les émotions du truamatisé. J`appelle cela un moment de ciel. Merci pour l`article et tous les commentaires.
Vous m`aidez à me définir. Je vous souhaite des moments de ciel.
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L’analyse intellectuelle est aussi utile, même nécessaire au départ, mais devient inutile dans l’expérience même des choses. Merci Charlotte pour votre commentaire
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