
TRAVAILLER AVEC LES CHANGEMENTS.
Prendre à coeur la réalité de l’impermanence, c’est se libérer peu à peu de l’idée même d’une saisie, d’une croyance erronée et nuisible en la permanence et d’un attachement trompeur aux valeurs rassurantes sur lesquelles nous avons tout bâti.
Contempler l’impermanence n’est pas suffisant en soi; il nous faut travailler avec elle dans notre vie.
Examinons maintenant ce qui arrive fréquemment dans une relation de couple. Bien souvent, nous nous apercevons que nous aimons notre conjoint seulement quand nous sommes sur le point de le perdre. Nous nous accrochons alors à lui ou à elle d’autant plus fort; mais plus nous agissons de la sorte, plus il ou elle nous échappe et plus la relation devient fragile.
Nous désirons le bonheur. Pourtant, le plus souvent, la façon même dont nous le recherchons est si maladroite et si inexperte qu’elle nous cause seulement davantage de tourment. Nous supposons généralement, qu’afin de l’obtenir , nous devons saisir l’objet qui, selon nous assurera notre bonheur.Nous nous demandons comment il est possible d’apprécier quelque chose si nous ne pouvons pas le posséder. Combien nous confondons attachement et amour!
Même dans le cadre d’une relation heureuse, l’amour est dénaturé par l’attachement, avec son cortège d’insécurité, de possessivité et d’orgueil. Et puis, une fois l’amour parti, il ne nous reste plus que les souvenirs de l’amour, les cicatrices de l’attachement.
Que pouvons- nous donc faire pour triompher de cet attachement? Tout simplement, en réaliser la nature impermanente. Cette réalisation nous libérera peu à peu de son emprise. Nous aurons alors un aperçu de ce que les Maîtres décrivent comme l’attitude juste face au changement: Etre semblable au ciel qui regarde passer les nuages, ou être libre comme le mercure. quand du mercure tombe à terre, il demeure, par nature, intact: il ne se mélange jamais à la poussière. Si nous nous efforçons de suivre les conseils du Maître et nous libérons peu à peu de l’attachement, une grande compassion se fera jour en nous.
C’est alors que nous commencerons à goûter, au plus profond de nous, l’exaltante vérité de ces vers de William Blake:
Qui veut lier à lui une joie,
De la vie brise les ailes.
Qui embrasse la joie dans son vol,
Dans l’aurore de l’éternité demeure.
Extrait du Livre tibétain de la vie et de la mort