
Une tension est une sécurité, une croyance.
Quand nous croyons en quelque chose, c’est que nous en avons besoin. Quand nous avons une tension dans le corps, nous en avons besoin. Si vous détendez techniquement une tension, elle ira se transposer ailleurs. Quand vous faites de l’alpinisme, vous vous accrochez à une racine, et si elle lâche, vous vous accrochez à autre chose, parce que la prise vous est nécessaire pour survivre.
Si mon bras est tendu, et que je fais des techniques de relaxation, je vais détendre techniquement ma main, mais ma hanche ou mon genou va se bloquer. Dans l’approche du yoga tantrique, on ne cherche pas à détendre le corps. La tension est une fabrication. Elle n’est pas naturelle. La détente est l’état naturel du corps. L’action, c’est de tenir le point tendu. Je ne cherche donc pas à agir, à détendre. Je sens la tension du point. Je mets toute mon attention sur le simple fait de sentir comme le corps est tendu. Je suis totalement amoureux de cette tension, car si elle est là, c’est qu’elle est nécessaire.
Comme tout ce qui apparaît, cette tension pointe vers la clarté, car c’est la réalité dans l’instant. Comme je sais que la vraie nature du corps est la détente, quand toute mon attention est sur l’écoute la tension, il n’y a plus aucune énergie pour tendre ce point. Progressivement, naturellement, la tension va s’éliminer. À ce moment-là, la tension qui se libère va s’intégrer dans l’écoute, dans la conscience. On sent la tension, on vit avec, on l’aime.
Le simple fait de donner toute l’attention à la tension fera que, tôt ou tard, au moment pédagogique, elle deviendra inutile. C’est comme une croyance. Un jour il devient inutile de croire en quoi que ce soit, mais il n’y a pas à se débarrasser d’une croyance. Tant que je crois au Père Noël, c’est qu’il m’est nécessaire d’y croire. Quelle que soit la thérapeutique que l’on va utiliser, on doit d’abord écouter.
Éric Baret