Jigmé Kyentsé Rinpoché

Jigmé Kyentsé Rinpoché
Jigmé Kyentsé Rinpoché

Conseil à un vannier pére de famille, par Jigmé Khyentsé Rinpotché.

Écrit le 30 septembre 2010

Certains affirment n’avoir aucun but dans l’existence, pourtant ils en ont assurément au moins un, celui d’être heureux, comme tous les êtres. Nous nous voulons tous du bien. Ce sentiment élémentaire et fondamental est le signe que nous avons à l’intérieur de nous un potentiel, une richesse à exploiter. Personne, au fond de soi, ne se veut réellement du mal. Même le masochiste qui dit aimer se faire souffrir ne le fait que parce qu’il y trouve du plaisir.

Nous sentir responsable de nos proches est louable, mais nous avons la capacité d’ouvrir notre esprit suffisamment pour assumer une responsabilité bien plus grande, celle de l’infinité des êtres. Pourquoi limiter notre profond sentiment de tendresse à quelques personnes, alors que nous pouvons l’étendre à tous les êtres ? Par ailleurs, en ce qui concerne nos amis et nos proches, nous devrions leur offrir quelque chose de véritablement utile, dont nous pourrons nous féliciter au moment de notre mort. Il ne suffit pas de leur faire plaisir en les emmenant, par exemple, faire une croisière en bateau. Qu’est-ce que cela va vraiment leur apporter ? S’ils ont un problème, cela les distraira quelque temps, mais dans la plupart des cas ils emporteront leurs préoccupations avec eux là où vous les emmènerez. S’ils ont un chagrin de cœur, si leur compagnon ou leur compagne les a quittés, ou si quelqu’un les a moralement blessés, ils ressasseront leur amertume sur le bateau et celle-ci sera toujours aussi vive une fois la croisière achevée. Nous avons beaucoup mieux à faire pour aider ceux qui nous entourent.

Réfléchissons. Qu’aimerions-nous transmettre à nos enfants ? Une belle image de nous-même, de sorte qu’ils nous voient plus beaux que nous ne sommes en réalité ? À quoi bon ? Des biens matériels ? C’est leur mettre entre les mains un monceau de problèmes. Ils se disputeront nos richesses à notre mort, et même si nous partageons celles-ci de notre vivant, certains se penseront lésés et envieront ce que les autres auront reçu. Le confort matériel, ils peuvent l’obtenir par d’autres moyens, en travaillant par exemple. Notre présence ? Que nous le voulions ou pas, ils seront séparés de nous quand nous mourrons. À ce moment-là, leur chagrin ne nous ressuscitera pas et ne leur apportera rien d’utile.

Ce qu’en revanche nous pouvons leur léguer, c’est une source d’inspiration, une vision des choses qui ait un sens et qui puisse leur donner confiance à chaque instant de leur vie. Pour cela nous devons bien sûr acquérir nous-mêmes une certaine assurance, une certitude intérieure. Or, ce sentiment ne peut à l’évidence venir que de notre esprit ; il est donc grand temps de nous occuper de celui-ci.

Depuis notre naissance, nous laissons notre esprit fonctionner comme bon lui semble, à l’image d’un gamin capricieux, et nous sommes bien obligés de voir que rien de vraiment positif n’en a résulté. Reprendre les rênes devient indispensable et mérite que nous y consacrions du temps, ne serait-ce qu’un peu chaque jour.

Mieux vaut donc nous raviser et faire preuve de bon sens. Or, si nous laissons notre esprit nous maltraiter au point que nous vivons dans la souffrance et faisons également souffrir les autres autour de nous, c’est le signe que nous manquons précisément de bon sens. On peut considérer comme “ négatives ” les pensées et les paroles qui proviennent de notre esprit perturbé. Si, au lieu de nous lamenter sur notre sort, nous cultivons l’altruisme et la compassion et que ces états d’esprit “ positifs ” améliorent notre bien-être et celui d’autrui, nous faisons preuve de bon sens.
Le désarroi dans lequel nous nous trouvons est en fait une aubaine : il témoigne de notre sensibilité. Ceux qui traversent la vie sans le moindre sentiment de détresse sont inconscients. La détresse induite par notre prise de conscience recèle un immense potentiel de transformation, un trésor d’énergie dans lequel nous pouvons puiser à pleines mains et que nous pouvons utiliser pour construire quelque chose de meilleur, ce que l’indifférence ne permet pas.

Si tu penses que le monde entier se dresse en ennemi, imagine, toi le vannier, que tu te trouves devant des tonnes d’osier. Pour faire des paniers, il te faudra tresser correctement cet osier. De même, face à toutes ces difficultés, tu dois vanner parfaitement un panier intérieur suffisamment grand pour contenir tous les aléas de l’existence sans qu’ils te submergent. Bref, il est essentiel que tu t’occupes de ton esprit avec discernement.”

Tiré de Chemins Spirituels, Petite anthologie des plus beaux textes tibétains, Matthieu Ricard, NiL Editons

Source : matthieuricard.org

« Jigme Khyentse Rinpoche est l’un des maîtres les plus remarquables de sa génération et de notre temps.Il est le fils de Kyabje Kangyur Rinpoche qui était un grand tertön,  l’un des êtres les plus éveillés ainsi que mon maître racine.

Jigme Khyentse Rinpoche  a été aussi un étudiant très proche de Dilgo Khyentse Rinpoche.  Tous les deux  ont véritablement le même flot de conscience car Jigme Khyentse Rinpoche  a été reconnu comme l’émanation du cœur et de l’esprit de Khyentse Chökyi  Lodrö. Ce dernier  était l’un des plus grands visionnaires du bouddhisme tibétain du XXe siècle et l’un des deux maîtres racines de Kyabje Dilgo Khyentse Rinpoche.

Jigme Khyentse Rinpoche  a un style incroyablement inspirant qui vous pousse à aller plus loin. Il va toujours au cœur des enseignements, d’une manière  facilement compréhensible par des personnes de toutes cultures et complètement enracinée dans les enseignements bouddhistes authentiques.

La façon dont s’exprime son enseignement est d’une originalité unique en son genre. Il le fait de manière à ce que ses enseignements prennent tout leur sens, touchent  votre esprit, votre cœur et vous aident véritablement à tourner notre esprit vers le Dharma. Il devient alors possible de se donner des priorités  authentiques dans la vie pour ainsi distinguer ce qui est essentiel de ce qui ne l’est pas,  de manière à employer le temps qu’il nous reste à pratiquer  de la meilleure façon possible.

Chaque fois que j’écoute ses enseignements, c’est toujours un étonnement en ce sens qu’il est quasi  impossible  de deviner  ce qu’il dira et pourtant  chaque fois il va direct au but. Personnellement, j’ai toujours été extrêmement inspiré par ses enseignements. C’est l’un des maîtres les plus respectés.

Alors,  j’encourage vraiment chaque personne intéressée à suivre une voie spirituelle authentique  à utiliser ses enseignements de la meilleure manière pour se transformer, se réaliser pleinement et donner ainsi  un sens à sa vie. »


Matthieu Ricard

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