
Beaucoup de personnes se refusent à aimer, pensant que l’amour fait mal. En réalité, ce n’est pas l’amour qui fait mal, mais la passion et nos attentes.
Il y a quelques jours, un de mes anciens amis m’a recontactée pour me présenter ses vœux ; en guise de réponse, je lui ai demandé de m’enlever de sa liste d’amis, que je ne souhaitais plus recevoir de mails de sa part. Il m’a répondu qu’il était triste, qu’il ne comprenait pas. Je lui ai calmement répondu qu’en novembre 2011, il m’avait laissée tomber parce que son amie ne souhaitait plus de relations féminines autours de lui, que j’en avais beaucoup souffert et que, de ce fait, je ne souhaitais plus entretenir un quelconque lien avec lui. Mon ami n’a pas lâché et m’a répondu en retour qu’à ne nombreuses reprises, j’avais moi aussi « péter des câbles » parce que je projetais ma souffrance sur lui, et qu’il ne m’en avait jamais tenue rigueur ! Et c’était vrai !
Je me suis aperçue, en faisant une petite introspection, que j’entretenais envers lui une rancœur depuis plus d’un an, rancœur liée non pas à l’amour/affection que je lui portais, mais à mes attentes qui avaient été bafouées. Ce qu’il s’était passé ne correspondait pas à ma réalité, j’avais émis tout un tas de jugements envers lui, principalement en vertu de notre amitié, mais aussi de son statut social. De plus, j’avais aussi oublié qu’en effet, à quelques reprises, j’avais moi-même eu des comportements excessifs que mon ami m’avait largement pardonnée et que moi, j’en étais là, à entretenir du ressentiment envers lui alors que je le lui vouais une profonde affection.
Cet ami étant psychothérapeute et d’une nature plutôt équilibrée, je n’arrivais pas à comprendre comment il avait pu remettre en cause notre amitié au profit d’une relation amoureuse, cela me semblait complètement incohérent, les deux relations n’étant pas de même nature. En restant coincée dans mes croyances que les choses auraient dû être autrement, j’entretenais à mon insu une forme de souffrance et j’en oubliais l’essentiel : l’amour que nous nous portions. Et la peur que j’exprimais n’était pas une peur de l’amitié, mais une peur d’être blessée à nouveau, ce qui est intimement lié à mes croyances et attentes.
C’est en en prenant conscience et en me libérant de ce sentiment désagréable que j’ai réalisé qu’au fond de moi, les sentiments que j’avais à son égard n’avaient pas disparu, l’amour était toujours bien présent dans mon cœur. J’avais simplement confondu attentes et amour, alors qu’il me suffisait de me reconnecter à mes sentiments pour réaliser que rien en moi n’avait changé, et que si pour de nombreuses raisons, notre amitié n’était pas viable à ce jour (notamment cet excès de jalousie de son amie et l’incapacité de mon ami à la gérer), alors je n’avais qu’à l’accepter, mais cela ne m’empêchait nullement de l’aimer. Et que, d’autre part, je ne savais absolument rien de la situation d’aujourd’hui, peut-être les choses avaient-elles évolué de son côté ? Je restais figé dans un passé douloureux, m’empêchant de voir la réalité du présent.
En me connectant directement à mon cœur et en comparant ce que je ressentais envers cet ami avec ce que je ressentais dans mes relations amoureuses, je me suis aperçue que cet état est le même ! Et que toutes les fois où mes relations n’avaient pas fonctionné, ce n’était pas par manque d’amour, mais bien par excès de peurs, projections et attentes, que ce soit de ma part ou de celle de l’autre d’ailleurs.
Il n’y a pas plusieurs sortes d’amour, l’amour est un état identique, quelle que soit la forme qu’on lui donne (amitié ou relation amoureuse). De plus, cet état n’est pas agressif, ne fait pas mal, ne détruit pas, il est tout simplement ! C’est quelque chose de plutôt doux, tendre, chaleureux, bienfaisant ; ce qui fait mal est tout ce que l’égo rajoute dessus, les attentes liées à l’état passionnel.
Il me semble que si l’on reste connecté à ce que l’on ressent au fond de soi, en se libérant de toutes nos tendances égotiques et projections, alors il devient possible de réaliser et vivre l’amour d’une manière simple et douce. L’amour est finalement ce qu’il reste quand on s’est débarrassé de tout le reste justement et c’est à partir de cela que l’on peut bâtir une relation épanouissante. L’amour n’est pas un sentiment, mais un état qui ne s’éteint pas, seule la passion peut fluctuer au fil du temps. Il prend toute sa force et son ampleur si l’on décide d’en faire une priorité et qu’on lui laisse l’espace pour s’épanouir, si on ne le perd pas de vue au moindre tremblement, et si l’on se donne les moyens de modifier le cours des évènements de façon à le laisser pleinement ETRE. C’est finalement à chacun de décider ce qu’il veut faire avec l’amour, soit le laisser à l’état de germe et entretenir la passion, ce qui à moyen et long terme, s’avèrera stérile, douloureux et destructeur ; soit le nourrir et l’entretenir, de façon à ce qu’il ne fasse plus qu’UN avec nous-mêmes…
Françoise