Un vide d’illusions est un plein de réalité

 

La nature de l’esprit et l’émergence du Samsara

S’il n’y a aucune différence essentielle entre l’esprit d’un bouddha et notre propre esprit, pourquoi un bouddha a-t-il toutes les qualités qui lui sont attribuées et pourquoi ne les avons-nous pas ?

La différence provient de ce qu’en notre esprit, la nature de Bouddha est voilée par différentes enveloppes qui la recouvrent et la masquent.

Le fondement de ces voiles est l’ignorance, l’ignorance fondamentale. Nous naissons tous fondamentalement ignorants de la nature de ce que nous sommes.

Dans cette ignorance, l’esprit se scinde en deux et se créée ainsi la dualité : moi/autre, sujet/objet, observateur/observé. C’est dans cette ignorance qu’émerge la conception du sujet, le moi, l’observateur, le témoin. L’ignorance de notre clarté essentielle donne naissance à celle des objets extérieurs.

L’exemple du rêve ou comment la clarté se polarise en l’expérience dualiste

Lorsque nous rêvons la nuit, dans l’obscurité totale, une expérience onirique va apparaître.

On peut rêver d’être à la montagne, à la mer…bref, il y a une scène onirique qui est dotée d’une clarté, et aussi d’une intelligence qui expérimente la scène dans ses contours, ses couleurs, ses formes…, une intelligence dans l’expérience, dotée d’une certaines luminosité qui est bien inhérente à l’esprit puisqu’on est totalement plongé dans le noir.

Cette clarté de l’esprit va, dans l’expérience onirique, se polariser de telle sorte qu’un pôle de cette clarté va devenir une forme d’intelligence lucide qui va expérimenter un autre pôle comme luminosité d’expérience. Et c’est dans cette polarisation que naît la dualité sujet-objet, moi-autre.

L’émergence des trois poisons de l’esprit

Entre les deux pôles de cette dualité, diverses relations se développent. Dans la dualité sujet-objet, moi-autre, il y a trois types de relations fondamentales qui sont plus, moins ou neutre. Attraction, répulsion ou indifférence sont les trois poisons qui engendrent les six passions.

L’attraction engendre le désir, l’attachement et l’avidité

La répulsion mène à la colère et la jalousie

L’indifférence engendre la  bêtise et l’orgueil

Ces relations duelles se développent avec des émotions conflictuelles et perturbatrices, que l’on nomme les passions. De compositions en compositions, on arrive à toutes les formes de passion, nous en avons au total 84000.

Ces émotions conflictuelles motivent, à leur tour, différentes activités : elles sont les moteurs, les inducteurs des différents actes, faits et gestes, activités du corps de la parole et de l’esprit.

L’ignorance engendre les voiles de l’esprit

Ce qui est important à comprendre, outre l’aspect purement technique énoncé ci-dessus, est que nous naissons avec toutes les qualités de l’éveil et que dans le même temps, nous naissons complètement ignorants de ces qualités. Et que notre ignorance fondamentale est le fait d’un certains nombre de causes et conséquences (dites karma), qui elles-mêmes vont engendrer à leur tour d’autres confusions et passions…tout cela constitue les voiles de l’esprit.

De cette confusion et ignorance naît la dualité et donc l’égo, le moi, le je, l’observateur.

Il est important de souligner que la dualité sujet-objet est bien un voile de la nature de l’esprit, mais il faut aussi comprendre , pour éviter de graves erreurs, qu’à un niveau ordinaire, relatif et relationnel, cette perception dualiste est normale et indispensable pour l’édification de ce qu’on nomme l’égo, le moi, l’être conscient de ses actes, des autres et du monde qui l’entourent, l’être capable d’avoir des relations harmonieuses avec ceux qui l’entourent.

L’égo n’est donc surtout pas à rejeter, il s’agit juste d’en reconnaître son caractère illusoire et impermanent. Le reconnaître comme fabrication de l’esprit permet de le modifier, de le transformer en égo bienveillant, altruiste, généreux…

Comme me disait une de mes amies il y a quelques temps, on ne peut lâcher que ce que l’on tient.

Et c’est exactement ça !

On ne peut transformer l’égo que si l’on a la pleine conscience de ses manifestations, si l’on est capable de reconnaître en soi ce que l’on projette à l’extérieur et que nous pouvons nous le réapproprier.

Cela demande une bonne dose d’humilité, d’honnêteté et de lucidité, mais c’est la condition indispensable pour nous transformer dans un premier temps, puis à nous libérer de l’égo dans un second temps.

A l’inverse, les personnes convaincues de ne pas avoir d’égo, d’être au-dessus de tout ça (le monde divin pour les bouddhistes) ou qui ne se reconnaissent pas en l’autre, qui n’ont pas cette conscience d’être aussi un peu jalouses, orgueilleuses, malveillantes…et toutes les passions dérivées, parviendront plus difficilement à se transformer et à atteindre l’Eveil, tout au moins la grande Sagesse.

En conclusion, si nous parvenons humblement à nous voir tels que nous sommes d’une manière relative, sans en rajouter ni en enlever, alors seulement nous pourrons être ce que nous sommes de façon ultime, dans notre nature fondamentale qui est bonté, amour et compassion.

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